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Cattinair (Franche-Comté) : Résistance au chantage patronal
Les ouvriers de la société Cattinair, une entreprise spécialisée dans le dépoussiérage industriel et la construction de matériels de dépollution qui possède des sites de production à Pont-de-Roide, dans le Doubs, et à Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône, ont refusé par 71% de non contre 26% de oui la proposition de leur patron de passer de 35 heures à 37 heures hebdomadaires contre une augmentation de 2%. Comme le disait un syndicaliste: "Travailler 120 heures de plus dans l'année et perdre 22 jours de RTT pour quelques euros par mois, c'est tout simplement travailler gratuitement." Les cadres ont, quant à eux, "accepté" à 79% la suppression totale de leurs jours de RTT sans augmentation de salaire. Mais même parmi les techniciens qui se voient proposer la suppression de la moitié de leurs jours de RTT, la direction n'a réussi à obtenir que 46% d'avis favorables contre 38% d'avis défavorables.
Six ans après avoir imposé, en 1998, lors du passage aux 35 heures, un gel des salaires pour une durée de trois ans, le patron a tenté une nouvelle fois de diminuer les "coûts salariaux", avec des arguments qui ne brillent pas par leur originalité. "(...) Si on veut rester compétitif, il faut travailler plus de 35 heures. C'est une nécessité non seulement pour Cattinair, mais pour l'Europe entière, face à la concurrence des pays de l'Est et de la Chine", a déclaré Klavs Kaas-Rasmusseen, le directeur général de l'entreprise. D'autres responsables ont affirmé à l'unisson: "Il faut bien que nous trouvions le moyen de faire des économies. Sinon, nous allons droit dans le mur et, à terme, c'est la délocalisation de la production".
Mais quand bien même il serait nécessaire de faire des économies comme ils disent, ce qui reste à prouver, celles-ci pourraient être faites en diminuant la part des bénéfices plutôt que celle des salaires. Car Cattinair n'est pas une petite entreprise artisanale: en 2000, elle a été rachetée par le groupe danois Disa APC qui possède des unités de production un peut partout en Europe. Et un certain nombre d'ouvriers qui se sont prononcés contre le projet de la direction devaient certainement avoir cela en tête.