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- Lutte ouvrière n°1878
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Tribune de la minorité
Alerte rouge !
Après les ouvriers de Bosch-Vénissieux, ce sont ceux du volailler Doux, ceux de Seb et sans doute déjà d'autres, à qui leur patron impose des horaires plus longs pour des salaires inférieurs, dans le but ouvert et cynique de faire des économies sur leur dos. Ce mauvais coup sur la tête des salariés de ces entreprises, tous ceux qui y réfléchissent un peu, qu'ils soient travailleurs du rang ou syndicalistes, savent bien que ça n'arrive pas qu'aux autres, que d'autres patrons, voire tous les patrons, s'ils croient que c'est possible, passeront à leur tour à l'acte. Non pas que les entreprises, et particulièrement les grosses, soient en difficulté, leurs profits sont déjà fabuleux, mais parce que leur appât du gain est sans limites.
Ils sont encouragés par ce gouvernement, lequel après avoir réussi à faire passer des mesures contre le salaire indirect, tapant dans les retraites, charcutant la protection santé, se croit maintenant permis de partir à l'assaut des salaires directs. Tel est le véritable but de la campagne sur "l'assouplissement des 35 heures", laquelle n'a absolument pas pour objet de faire "gagner plus aux salariés qui veulent travailler plus", comme Chirac ou Raffarin le prétendent, mais de permettre aux patrons de faire travailler plus en payant moins. Et de prôner "la négociation par entreprise". N'est-ce pas le cas à Bosch-Vénissieux? Ils peuvent bien parler après hypocritement à ce propos de "pente glissante", mais ce sont eux qui préparent le terrain.
Le scénario des patrons qui se lancent dans cette voie consiste, en brandissant des menaces de licenciements voire de fermeture, à demander aux syndicats de signer des accords et de cautionner ainsi des sacrifices sous formes diverses: temps de travail rallongé non compensé ou partiellement payé, suppressions de primes, blocage de salaires pour les années à venir... Le même qu'en Allemagne où après Siemens, des grosses entreprises les unes après les autres s'enfilent dans la brèche. Et bien que cela paraisse totalement contradictoire pour des syndicats se réclamant de la défense des intérêts des travailleurs, il s'en trouve d'assez serviles, d'un côté ou de l'autre du Rhin, pour répondre aux désirs patronaux et céder à leurs "revendications". Le monde à l'envers! On l'a vu chez Bosch où avant même que la direction ait "consulté" nominalement les travailleurs, leur faisant savoir que ceux qui n'accepteraient pas le nouveau contrat seraient licenciés, la CFDT et la CGC avaient signé l'accord. Et il est aisé de prédire que dans nombre d'entreprises il ne sera pas difficile aux patrons de trouver de semblables compères.
Comment faire alors pour arrêter cette machine infernale qui menace de tous nous écraser? Les exemples de Bosch, Doux ou Seb nous enseignent qu'il vaudrait mieux ne pas attendre de nous retrouver dans la situation difficile des travailleurs de ces entreprises, contraints à nous défendre contre cette nouvelle offensive patronale les uns après les autres chacun dans notre coin. Des confédérations syndicales dignes de ce nom, des partis voulant réellement oeuvrer à la défense des intérêts de la classe ouvrière, se devraient de se prononcer clairement pour l'organisation d'un mouvement de tous les salariés ensemble, destiné à faire barrage aux prétentions patronales. Les patrons ne s'engageront plus avant sur la voie actuelle que s'ils croient pouvoir le faire impunément. S'ils pensaient qu'avec cette nouvelle provocation ils risquaient de déclencher une réaction d'ensemble de tous les travailleurs, ils y regarderaient à deux fois. Ils savent bien que ça pourrait leur coûter beaucoup plus cher que ce qu'ils aimeraient que ça leur rapporte.
Nous sommes nombreux à avoir conscience des dangers actuels et des moyens qui pourraient changer radicalement la situation. Il faut tout faire pour oeuvrer à une réponse d'ensemble des travailleurs: dans nos syndicats en la mettant à l'ordre du jour des réunions; dans les entreprises avec tous les travailleurs, en faisant se prononcer dans un premier temps tous ceux qui veulent réagir avant que ce soit trop tard, en tissant des liens avec ceux des autres entreprises dans un second.
Préparons la riposte.
Editorial des bulletins d'entreprises l'Etincelle du 26 juillet 2004 publiés par la Fraction
Convergences Révolutionnaires n°34 (juillet-août 2004) - bimestriel publié par la Fraction
Dossier: Accidents du travail et maladies professionnelles : faux frais de l'exploitation pour le patronat et l'État.
Articles: L'alliance LO-LCR après "l'échec" électoral - La réforme de l'assurance maladie va-t-elle passer comme une lettre à la poste? - Belgique : vote obligatoire pour scrutin sans enjeu - Irak : le blanc-seing de Chirac à Bush - Israël : quand Jérusalem succède à Johannesburg.
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