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Leur société
La loi sur l'assurance-maladie : Une réforme inutile et nuisible aux salariés
Mardi 20 juillet, les députés ont adopté définitivement la loi de réforme de l'assurance-maladie présentée par le ministre de la Santé, Douste-Blazy.
Dans un entretien au Monde du 17 juillet, ce dernier avait résumé les attaques qu'elle contient et la propagande mensongère sur laquelle elle repose: "Avec le dossier médical personnel, le médecin traitant, les sanctions individuelles applicables aux personnels de santé, la responsabilisation des malades que représente le paiement d'un euro par acte médical, la généralisation des médicaments génériques, nous voulons faire prendre conscience que c'est en changeant tous un peu qu'on peut tout changer: c'est comme cela que l'on arrivera à sauver la Sécurité sociale."
En effet, tout va changer, mais pas "un peu"!
-Un euro de franchise payé par chaque malade sur chacune des visites, cela peut faire au bout d'une année plusieurs dizaines d'euros. D'autant que les consultations chez le médecin généraliste ou le spécialiste ne sont pas les seuls actes médicaux concernés. Les radios, les prises de sang, les passages aux Urgences non suivis d'hospitalisation, tous les actes médicaux seront taxés de la même manière. Les seuls malades qui y échapperont seront les enfants de moins de 16 ans, les femmes enceintes (seulement partir du 4e mois de grossesse) et les bénéficiaires de la CMU.
-Le forfait hospitalier va encore une fois augmenter de un euro, et passera de 13 à 14 euros par jour d'hospitalisation.
-La CSG des retraités imposables va être augmentée de 6,2% à 6,6% .
Celle des salariés également, puisque l'assiette de calcul de la CSG va passer de 95% du salaire à 97%.
-La CRDS, destinée, paraît-il, à rembourser les dettes passées de la Sécurité sociale, va encore une fois voir sa durée prolongée. Le gouvernement Raffarin et l'UMP ont décidé de la faire payer jusqu'à extinction de la dette.
-Les affections de longue durée (concernant les maladies graves, prises en charge à 100% par la Sécurité sociale) vont être davantage encadrées.
-Les contrôles sur les arrêts de travail vont être renforcés.
Mais en faisant payer davantage encore les travailleurs, pour des prestations en baisse continuelle, comment nous faire avaler qu'on "sauve la Sécurité sociale"? Le système de santé n'a pas besoin d'êre sauvé des travailleurs, qu'on nous présente comme trop dépensiers, tire-au-flanc, en un mot irresponsables. Non, les seuls contre lesquels il faudrait protéger et sauver la Sécurité sociale, ce sont les patrons.
D'abord parce qu'ils sont responsables du chômage, des plans de suppressions d'emplois, des délocalisations, de l'emploi précaire et mal payé. Les baisses de cotisations dues au chômage et au blocage des salaires représentent à elles seules les trois quarts du déficit de l'assurance-maladie: près de dix milliards d'euros, sur treize au total.
Ensuite, parce que le patronat bénéficie chaque année de vingt milliards d'exonérations de cotisations, beaucoup plus que le fameux trou "abyssal" dénoncé par les gouvernants. Ces exonérations sont en partie compensées par l'État (qui, par ce biais aussi, finance les patrons avec nos impôts). Mais il reste chaque année deux milliards à la charge de la Sécu.
Et remarquons au passage que les revenus financiers des entreprises (165 milliards en 2002) échappent à tout prélèvement social. S'ils étaient soumis à cotisations au même niveau que les salaires, cela ferait 20 milliards de rentrées de plus chaque année pour la Sécu.
Enfin, les patrons sont mauvais payeurs. La dette des employeurs vis-à-vis de la Sécu se monte à dix milliards, presque 9% des recettes de la Sécu. Une partie de ces dettes (600 millions) provient d'entreprises en faillite dont, en bonne logique, les autres devraient se montrer financièrement solidaires. Mais les autres patrons estiment simplement que leur argent peut êre mieux employé qu'à financer la Sécu et paient le plus tard possible. Aux grandes entreprises, on n'envoie ni gendarme ni huissier pour exiger qu'elles honorent leurs dettes! D'ailleurs l'État en tant qu'employeur est également un mauvais payeur et doit des milliards à la Sécu.
Le bilan de ce pillage est que le patronat ne contribue plus que pour 43% aux recettes de la Sécu, contre 54% en 1989.
Voilà les "abysses" où disparaît l'argent de la Sécu et des travailleurs - car les cotisations "patronales" viennent elles aussi du travail des salariés. Et les mesures de Douste-Blazy n'y changeront rien, bien au contraire.