Chaffoteaux et Maury – Saint-Brieuc (22) : Vers une délocalisation partielle15/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1876.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chaffoteaux et Maury – Saint-Brieuc (22) : Vers une délocalisation partielle

Depuis la mi-juin, plusieurs réunions du Comité central d'entreprise de Chaffoteaux ont eu lieu où, chaque fois, la direction a réaffirmé son intention de transférer au Maroc, peut-être en septembre, une chaîne d'assemblage de chauffe-eau fabriqués jusqu'à présent à l'usine de Ploufragan, près de Saint-Brieuc. Même si le flou est entretenu sur l'ensemble du projet, il semble qu'une seconde chaîne serait également délocalisée à la fin de l'année. Et, pour 2005, toute l'activité de production de chauffe-eau gaz est menacée de transfert. 80 personnes sont concernées par ce projet, sur les 600 que compte l'usine de Ploufragan.

Chaffoteaux a été racheté en décembre 2001 par le groupe italien Mertoni. Les nouveaux actionnaires ont immédiatement pris des mesures pour s'assurer de confortables bénéfices. Ils y sont parvenus par des gains de productivité considérables, par l'augmentation des cadences et le non-remplacement des départs; en deux ans et demi, plus de deux cents salariés ont quitté l'usine par le biais de la préretraite «amiante» et sans que cela coûte le moindre sou aux patrons.

Pour faire face aux augmentations de commandes, une centaine d'intérimaires sont employés en permanence depuis un an.

Aggravation des conditions de travail, pressions de l'encadrement en même temps que blocage des salaires, qui dure depuis longtemps, ont engendré un ras-le-bol général provoquant, fin 2003, une grève d'une semaine pour les salaires. La direction avait dû lâcher 43 euros d'augmentation générale pour tous. Ce geste sur les salaires n'a pas entamé les bénéfices: en 2003 ils ont fait un bon de 47% par rapport à 2002, pour atteindre dix millions d'euros.

Mais pour la famille Merloni, ce n'est pas assez. Elle estime que la fabrication des chauffe-eau ne rapporte plus suffisamment et a lancé son plan de délocalisation. Il n'est pas impossible que cette décision soit en rapport avec une prochaine introduction du groupe MTS Merloni en Bourse.

Aujourd'hui, la direction pour rassurer affirme que le personnel concerné sera entièrement reclassé dans l'usine. Difficile de faire confiance à ces patrons qui affirmaient encore en janvier 2004 que l'usine de Ploufragan ne serait pas concernée par une «quelconque délocalisation».

Les organisations syndicales devraient saisir le droit d'alerte à propos de cette délocalisation partielle. La désignation d'un expert-comptable ne modifiera pas les plans des patrons, mais permettra peut-être de gagner un peu de temps pour préparer la riposte collective. Pour l'instant, le personnel concerné s'est rassemblé par deux fois pour demander des comptes aux responsables d'atelier. C'est un début.

Personne ne sait aujourd'hui exactement comment cela va se passer. Mais la meilleure garantie, pour ne pas laisser les mains libres aux patrons, est de se préparer à se défendre tous ensemble. Notre emploi et notre avenir sont en jeu.

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