Sida et pays pauvres : Contaminés par la misère et assassinés par la loi du fric08/07/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1875.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sida et pays pauvres : Contaminés par la misère et assassinés par la loi du fric

Les chiffres publiés par l'organisation Onusida, à quelques jours de l'ouverture d'une nouvelle conférence mondiale sur la maladie, sont effrayants.

Dans le monde, on estime à 38 millions le nombre de ceux qui sont infectés par le virus (le nombre de séropositifs), dont 25 millions en Afrique noire. En 2003, cinq millions de personnes ont été nouvellement contaminées et là encore, les deux tiers sont africains. Et, l'épidémie s'emballe en Asie du Sud-Est, en Inde, en Amérique latine, en Chine, aux Caraïbes, en Russie... Dans tous les pays qui ne disposent pas du niveau de vie des pays développés.

Quant à ceux qui ont développé la maladie, trois millions en sont morts en 2003, dont les trois quarts, là encore, en Afrique noire.

Pourtant des traitements existent. Depuis les années 1990, des «trithérapies» -associations de trois médicaments- ont démontré leur efficacité. Elles n'assurent pas la guérison mais, en stoppant la multiplication du virus, elles empêchent l'effondrement des défenses contre les maladies infectieuses. La majorité de ceux qui ont accès à ces traitements survivent.

Mais il ne suffit pas que des médicaments existent pour que les malades puissent en bénéficier. Les laboratoires pharmaceutiques qui les commercialisent se protègent. Leurs brevets leur assurent un monopole de la production et de la vente qui leur permet de maintenir leurs profits, quel qu'en soit le coût en vies humaines.

Depuis quelques années, en Afrique du Sud, au Brésil, en Inde, des laboratoires fabriquent des copies -des génériques- de ces médicaments bien qu'ils soient encore protégés par des brevets. Mais il a fallu engager de longs procès retentissants avec les trusts pharmaceutiques détenteurs de ces brevets. Ces génériques ont permis de diviser par vingt le coût des traitements antisida dans les pays pauvres. Et, pour conserver une part de leur marché, les grands trusts ont dû suivre.

Ils ont cherché d'autres arguments contre la concurrence des laboratoires «génériqueurs». Ainsi, depuis 2001, des traitements ont été mis au point qui rassemblent, dans un seul comprimé, les trois principes actifs de la trithérapie. Ceci présente pour les malades l'avantage de diviser au moins par trois le nombre des comprimés à prendre, de n'en prendre plus que deux par jour, ce qui assure un meilleur respect du traitement. Des laboratoires indiens l'ont fabriqué à moindre coût. Sans vergogne, les trusts ont affirmé que rien ne prouvait que ces comprimés constitués de génériques fabriqués sur place étaient efficaces. Et il a fallu mener une étude, au Cameroun, pour démontrer leur efficacité. Maintenant c'est fait et ce traitement coûte 40% moins cher que le médicament équivalent sous brevet

Des millions de pauvres meurent chaque année du sida, faute d'un accès quotidien à deux comprimés que les géants de pharmacie se refusent de fabriquer s'ils ne rapportent pas de profits suffisants. Une attitude qui ressemble à un véritable génocide.

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