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- Lutte ouvrière n°1875
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Leur société
La droite au créneau sur les 35 heures : Débat de faux-culs face aux appétits du patronat
Depuis fin juin, Sarkozy a enfourché un nouveau cheval de bataille, pourtant déjà bien défraîchi. Il est entré en guerre contre les 35 heures. L'épouvantail déjà brandi avant lui par bien d'autres, dont Seillière, le président du Medef, a surtout pour but de rallier à son écurie les plus arriérés des bourgeois petits et grands, en leur parlant un langage qu'ils aiment entendre.
Sans être le moins du monde gêné, Sarkozy dénonce l'utilisation de l'argent de l'État qui serait dilapidé par le biais d'exonérations qui accompagneraient les 35 heures: «Pour l'année 2005, a-t-il ainsi déclaré, la seule question de l'allégement des charges lié aux 35 heures coûtera au budget de l'État 10 milliards d'euros». Le ministre de l'Économie est un sacré menteur. Il est le mieux placé pour savoir que la loi Fillon, qui s'applique depuis juillet 2003, a déjà transféré l'essentiel des 16 milliards d'euros annuels d'exonérations de charges sociales accordées au patronat dans le cadre des lois Aubry, vers un nouveau système d'aides aux entreprises. Les cadeaux aux patrons, distribués dans le cadre des lois Aubry sur les 35 heures, qui devaient être temporaires, ne sont pas supprimés. Ils seront pérennisés au travers de nouveaux allégements de charges sociales pour tous les patrons à valoir sur les salaires allant jusqu'à 1,7 fois le smic. Sarkozy pourrait supprimer à l'horizon 2005 «tous les allégements de charges liés à la loi Aubry», que cela ne ferait pas rentrer un seul centime dans les caisses de l'État, ni ne ferait perdre quoi que ce soit aux patrons car les cadeaux en question leur ont été garantis au long terme par le gouvernement Raffarin-Sarkozy.
Le seul cadeau nouveau que le gouvernement pourrait offrir aux patrons, ce serait le droit de faire travailler leurs salariés avec encore plus de flexibilité, et à un moindre coût. Les lois Aubry avaient permis de sacrées avancées dans cette direction, en particulier en mettant en pièces une partie des garanties qui existaient auparavant en faveur des travailleurs dans le code du travail. C'est d'ailleurs ce qu'a déclaré Martine Aubry dans la presse, expliquant ce que sa loi faisait gagner au patronat.
C'est sur le terrain de la défense de leurs intérêts propres que les travailleurs doivent être vigilants. Il est certain qu'au-delà de ses rivalités internes, le gouvernement a l'ambition de répondre au mieux aux attentes du patronat. Faire travailler plus en payant moins de salaire, à l'image de ce que sont en train de faire les patrons d'Allemagne, de Siemens et d'autres, voilà ce que tous ces gens-là ont en tête. Il ne s'agit pas, pour eux, de créer des emplois, ils veulent aider les patrons à se remplir au plus vite les poches.