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- Lutte ouvrière n°1875
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Tribune de la minorité
Baisse des salaires et augmentation du temps de travail au programme !
Sans même attendre que les mesures contre la Sécu ou le démantèlement d'EDF-GDF aient été complètement entérinés par le Parlement, et un an après le coup contre les retraites, voici que le gouvernement et le patronat repartent à l'assaut. Avec cette fois pour objectif, au travers d'un prétendu «assouplissement des 35 heures», un véritable allongement de la durée du travail et une véritable baisse des salaires.
Plusieurs modalités restent en discussion. Mais de Raffarin à Sarkozy en passant par Bussereau et Borloo, c'est sur un même registre que la voix du gouvernement s'est fait entendre la semaine dernière. Tous devant leurs maîtres, un parterre de patrons réunis à Paris à l'occasion du salon «Planète PME», ont tenu à «faire le beau». Et tous de vanter l'exemple de ces grosses entreprises comme Siemens ou Bosch qui en Allemagne et maintenant en France font le chantage à la délocalisation et à l'emploi pour obtenir des syndicats qu'ils approuvent un allongement non payé de la durée du travail.
Qu'ils recourent à une nouvelle modification de la loi ou à des «accords» par entreprise avec des syndicats prêts à se coucher devant eux, ou qu'ils combinent toutes les méthodes à la fois, le fait est que nous allons, nous travailleurs, avoir à faire face à une nouvelle offensive en règle contre laquelle nous devrons nous battre.
Le comble étant que pour ces «35 heures», que la gauche au gouvernement avait prétendu nous octroyer, celle-ci nous avait imposé de les payer par la flexibilité, se traduisant dans certains cas par du travail en équipe à des heures indues ou du travail de nuit, par des suppressions de temps de pause, par des congés aux mauvais jours et des semaines longues aux beaux jours, et déjà, soit carrément par une baisse de salaires, soit par le blocage des salaires. Sans oublier que le patronat avait été pour l'occasion «incité» à ces 35 heures par des milliards de subventions... sous forme de baisse des charges sociales, c'est-à-dire acquittés pour l'essentiel par les salariés, et qu'il n'est pas question pour lui d'y renoncer aujourd'hui!
C'est le partage des tâches pour les sales coups. Après que la gauche ait fait passer cette réduction à 35 heures en trompe l'oeil et à nos frais, la droite veut maintenant nous faire passer un allongement bien réel à 40 heures ou davantage, mais sans rien lâcher ni sur la flexibilité, ni sur les salaires -bien au contraire- ni sur les milliards de subventions empochés à ce titre.
Raffarin et consorts ont le culot de nous présenter ça comme «bénéfique pour l'emploi». Comme s'il ne s'agissait pas de faire crever certains un peu plus au travail pour en envoyer davantage au chômage! Et cela au moment où le nombre de Rmistes a augmenté de 9% par rapport à l'an dernier et le chômage de 0,8% rien que pour le dernier mois!
Le gouvernement peut bien nous sortir son prétendu joker, «le plan Borloo» dit «plan de cohésion sociale», ce n'est que de la poudre aux yeux. Il peut bien promettre des logements sociaux qui une fois encore ne seront pas construits, car ceux qui voudraient bien les habiter n'ont pas de quoi payer des loyers de plus en plus chers. Il peut bien, comme l'ont fait les socialistes au gouvernement -ils disent aujourd'hui approuver Borloo sur ce chapitre- faire la charité pour quelques-uns des chômeurs sous forme d'emplois sous-payés... ce sera pour permettre d'en supprimer des mieux payés.
La «cohésion sociale» qu'ils appellent de leurs voeux n'est que la soumission à l'avidité de profits du patronat. C'est celle qui devrait leur permettre de faire passer à moindre frais une mesure après l'autre: après la démolition des retraites, la casse de la Sécu et le démantèlement des services publics et ainsi de suite.
Il n'y aura pas d'autres limites à l'exploitation des travailleurs et à la plongée dans une misère toujours grandissante, que notre volonté de nous battre contre nos ennemis les patrons et le gouvernement. Et nous serons d'autant plus forts que nous agirons ensemble et pas catégorie par catégorie, pour des objectifs qui nous concernent tous, protection sociale ou médicale, défense du service public, salaires et temps de travail, chômage et licenciements.
Éditorial des bulletins d'entreprises «l'Étincelle» du lundi 5 juillet publiés par la Fraction