Sarkozy : Des baisses de prix à chercher à la loupe30/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1874.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy : Des baisses de prix à chercher à la loupe

Il y a quelques semaines, Sarkozy demandait aux grands groupes de la distribution et aux fabricants de baisser les prix de 15000 produits de marque de 3% en septembre et de 5% en 2005. Il menaçait ces groupes, s'il n'obtenait pas satisfaction, de modifier la loi Galland qui règle les relations entre fabricants et distributeurs. Après deux semaines de négociations, les uns et les autres s'engagent à baisser les prix de 2% en septembre et peut-être de 1% supplémentaire en 2005.

Les gesticulations de Sarkozy se sont soldées par un piètre résultat. Mais, à en croire ses déclarations au lendemain de l'accord, celui-ci le satisfait. On reconnaît bien sa méthode vis-à-vis des possédants: beaucoup de bruit pour rien.

La baisse prévue devrait modifier le pouvoir d'achat de 0,2%, voire 0,3%, d'après une association de consommateurs.

Et cela alors qu'il y a des mois que les prix augmentent: dans l'alimentation cette hausse a été de 3,9% et pour les produits d'hygiène elle a atteint 5,7% sur une année, d'après les statistiques de l'Insee.

Face à cela, aucun ministre n'a fait mine de se servir de la loi pour obliger les distributeurs et les industriels de l'agro-alimentaire à arrêter ces augmentations. Aucun ministre n'a même fait mine de commencer par exemple à obliger les grands groupes à dévoiler au grand jour leurs pratiques, et encore moins de contrôler les marges imposées par la distribution, ainsi que les prix fixés par les fabricants.

La loi Galland est rendue responsable de cette dérive des prix. Mais distributeurs et entreprises d'agro-alimentaire en sont conjointement les bénéficiaires. À l'origine, cette loi, censée favoriser les petits producteurs et les commerçants, impose aux distributeurs de ne pas vendre en dessous du prix des fournisseurs. Les distributeurs se sont rattrapés en facturant aux fournisseurs des "marges arrière", c'est-à-dire des sommes que les fournisseurs paient pour que, par exemple, toute leur gamme de produits soit en rayon ou que certains soient annoncés dans les dépliants du magasin... En moyenne, ces marges arrière représentent 20% du prix pour les fabricants, mais ils réussissent globalement à les répercuter sur les consommateurs en la prévoyant par avance dans leurs tarifs.

Distributeurs et industriels profitent de la situation puisqu'ils disposent d'un quasi-monopole. Il y a cinq centrales d'achat pour 90% des produits et, de leur côté, les industriels sont moins de 30 à pouvoir proposer une gamme complète de produits et remplir les rayons.

Cette loi protège en fait les bénéfices des grands groupes au détriment des consommateurs. Face à cela, les petites concessions faites par les distributeurs comme par les fabricants ne sont qu'une goutte d'eau, d'autant qu'elles incluent les baisses liées aux promotions que les distributeurs pratiquaient déjà et qu'elles seront, malgré une commission créée à cet effet, parfaitement incontrôlables!

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