Hausse du smic et salaires réels : Des salaires toujours plus bas30/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/07/une1874.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hausse du smic et salaires réels : Des salaires toujours plus bas

Le gouvernement vient d'annoncer que la hausse du smic serait de 5,8% au 1er juillet. Cela relève de l'effet d'annonce car la réalité est plus complexe, et surtout cela occulte la détérioration continue du niveau des salaires les plus bas, et pour une large part des autres.

Pour ce qui concerne le smic, la hausse est bien de 5,8% pour le smic horaire, qui passe ainsi de 7,19 euros à 7,61 euros de l'heure, mais elle s'appliquera de façon très modulée selon les différents types de smic. C'est l'héritage de la mise en place des 35 heures à la mode du gouvernement de la gauche plurielle. L'ancienne ministre du Travail de Jospin, Martine Aubry, a profité de celle-ci pour instituer progressivement six smic différents. Cinq correspondent aux différentes dates d'entrée en vigueur des 35 heures, et un, le smic horaire, s'applique aux entreprises qui n'ont pas eu d'accord sur les 35 heures. C'est ce dernier, sur la base duquel sont rémunérés un million de salariés, qui augmente de 5,8%, car il est le plus bas.

On peut juger du caractère "social" de l'ancien gouvernement Jospin en voyant que c'est le gouvernement de Raffarin, ouvertement antiouvrier, qui revient très progressivement à un seul smic, aligné sur le plus haut, mais seulement en 2005. Pour les cinq autres smic, l'augmentation s'étale de 3,73% à 2,1% (soit tout juste l'inflation pour le dernier).

Mais même pour le smic, la prétendue "grande largesse" du gouvernement cache des projets beaucoup moins avouables, en particulier ceux concoctés par le précédent ministre du Travail, Fillon. Ce dernier envisageait un smic annuel, supprimant de fait toute garantie réelle, et en incluant dans le calcul de celui-ci toute une série de primes annexes qui n'étaient pas prises en compte jusqu'à présent. Même si la récente débâcle électorale a amené le ministre actuel, Borloo, à remiser pour le moment ces projets dans leurs cartons, rien ne dit qu'il ne ressortiront pas très prochainement.

Il y a aujourd'hui 2,15 millions de smicards, soit 14% du total des salariés. Le smic, qui devait être une soupape de sûreté pour les plus mal payés des salariés, devient la norme pour un nombre toujours plus grand d'entre eux. Les salaires minimaux, théoriquement garantis pour chaque profession par les conventions collectives, sont dans la très grande majorité des cas inférieurs au smic. Dans seulement 22% des branches le salaire de base est supérieur au smic. Dans la métallurgie par exemple, dans 54% des branches concernées, le salaire minimum démarre à un niveau inférieur au smic. Et il y a treize branches de l'industrie et du commerce dont la totalité des grilles de salaire sont inférieures au smic; parmi elles, l'immobilier et l'industrie textile.

La crise, la peur du chômage ont été utilisés par les patrons à leur profit. Ils se sont refusés à toute revalorisation des grilles de salaires des conventions collectives, qui autrefois servaient de référence dans chaque secteur professionnel, laissant au rapport de forces local, selon la situation propre à chaque entreprise, le soin de régler le niveau des salaires. Cela se traduit par un nivellement général de ceux-ci par le bas.

Cette situation, qui ne fait que s'aggraver au fil du temps, est connue de tous. Chaque gouvernement l'a pointée du doigt, mais aucun d'entre eux n'a voulu, en dehors des mots, faire quoi que ce soit qui aille à l'encontre de la volonté du patronat. Le dernier qui ait promis de s'atteler à ce problème fut le gouvernement Jospin, qui avait promis haut et fort en 2001de mettre fin à ce scandale, sans faire en réalité quoi que ce soit de plus que les autres.

C'est la période où sont rendus publics les résultats officiels des entreprises. À l'heure où nombre des bénéfices déclarés par ces dernières sont en augmentation, comme depuis plusieurs années, de 10 voire de plus de 20%, il serait grand temps que le monde du travail se voie rendre ne serait-ce qu'une part de ce qu'il a créé, et qu'on en finisse avec cette baisse globale des salaires, subie depuis bien trop longtemps.

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