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EDF-GDF : Pour les directions syndicales le mouvement est déjà enterré
Mardi 29 juin, à Paris, une manifestation des électriciens et gaziers a rassemblé deux à trois mille personnes de République à Opéra. Beaucoup des manifestants discutaient de la position de la fédération CGT qui venait de condamner, la veille, tout à la fois une coupure due à un sectionnement de câbles alimentant le réseau SNCF de la gare Saint Lazare et le RER A, ainsi que des coupures réalisées par des grévistes qui occupent le poste Ampère à Saint-Ouen.
Si personne ne sait ce qui s'est produit à propos du sectionnement de câbles (certains parlent de provocation), en revanche, le fait que la Fédération, de concert avec Gallois et Roussely, respectivement présidents de la SNCF et d'EDF, ait condamné l'action des grévistes, a choqué bien des manifestants. Pour se racheter, en fin de manifestation, un représentant de la Fédération a déclaré soutenir ceux du poste Ampère et s'est fait applaudir. L'ennui, c'est que la condamnation était passée à la télé et l'approbation seulement devant une petite foule.
Au poste Ampère (poste de transport haute tension et de répartition) la grève reconductible se poursuit. Les grévistes ont subi des tentatives d'intimidation: deux cars de CRS et un hélicoptère ont été momentanément présents sur les lieux. Et surtout la direction a annoncé des sanctions: trois grévistes, dont le responsable syndical CGT et porte- parole du piquet de grève, ont reçu des lettres de convocation pour entretien préalable avant sanction disciplinaire pour faute lourde pouvant conduire à une mise à la retraite d'office, c'est-à-dire à des licenciements.
Pendant que quelques actions ont eu lieu dans le pays, la grève reconductible des agents de la Recherche et Développement de Clamart et de Chatou en région parisienne se restreint de jour en jour. L'intersyndicale de Clamart en a tiré la conséquence dans une déclaration adoptée le 28 juin en AG où l'on peut lire: "Pour ne pas rester isolés, nous avons instamment demandé aux fédérations nationales de nous aider en appelant clairement le personnel EDF-GDF à la grève totale et nationale. Nous pensons que l'absence de cet appel des fédérations nationales a été un obstacle majeur à la construction de la victoire. Plusieurs autres unités ont fait ce constat."
Et il est vrai que lorsqu'on se souvient qu'il y a moins de deux ans, le 3 octobre 2002, des dizaines de milliers de salariés d'EDF-GDF se mobilisaient et manifestaient pour la "Défense du service public", on mesure le chemin parcouru... à reculons. Les fédérations, la CGT surtout, ont dilapidé ce potentiel de combativité au lieu de chercher à le renforcer, en négociant secrètement sur les retraites, en appelant (sauf FO et Sud) à signer le relevé de conclusions, et pour finir en éparpillant le mouvement actuel.
Les directions syndicales avaient appelé les agents à faire pression sur les parlementaires. On vient de voir avec quel succès: il est probable que pas un seul député n'a modifié son vote.
Et voilà maintenant que les secrétaires généraux de la CGT appellent à "élargir et intensifier pour l'emporter"! notamment par "l'intervention dans les centres CCAS (centres de vacance du comité d'entreprise NDLR) et l'expression dans les festivals aux côtés des intermittents (...) La diffusion de tracts et la signature de pétitions à l'occasion du Tour de France, et tout cela avec les structures interprofessionnelles."
Bref, pour les directions syndicales le mouvement est déjà enterré.