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Leur société
Lille : Une victoire pour les sans-papiers
Jeudi 17 juin, c'était la fête à la Bourse du travail de Lille. Les centaines de sans-papiers apprenaient que le préfet avait reculé sur leurs revendications et ils décidaient de suspendre leur mouvement.
Après 38 jours de grève de la faim, un accord a été conclu entre un conseiller d'État, envoyé par le gouvernement, et les représentants du comité des sans-papiers 59. Dans cet accord public, le préfet et derrière lui le gouvernement s'engagent à ceci: 103 sans-papiers, dont 43 qui avaient fait la grève de la faim l'année dernière, obtiennent tout de suite un titre de séjour d'un an, les 400 autres sans-papiers grévistes de la faim verront leur dossier examiné à raison de 80 par trimestre avec la promesse d'être régularisés. En attendant, ils obtiennent une attestation provisoire de séjour. Ainsi, ils n'auront plus à vivre cachés, en proie aux marchands de sommeil ou aux patrons exerçant un chantage sur leur absence de papiers.
Enfin, l'accord stipule qu'il n'y aura aucune poursuite judiciaire vis-à-vis des sans-papiers ou de leurs soutiens sous le prétexte de "trouble à l'ordre public". En effet, la semaine précédente, des sans-papiers grévistes de la faim avaient été arrêtés à la sortie de l'hôpital et envoyés en centre de rétention. Ils ont été libérés.
Pour les 460 sans-papiers grévistes de la faim, ainsi que leurs familles et leurs soutiens, cet accord est une victoire et tous étaient à la joie d'avoir fait reculer le préfet. Vendredi 18 juin le meeting de solidarité prévu s'est transformé en un meeting de victoire. Plusieurs centaines de personnes en plus des anciens grévistes de la faim se sont retrouvées dans la Bourse du travail. Les représentants des sans-papiers ont expliqué que cette victoire était le résultat de la lutte collective, qu'elle ne s'arrêtait pas là car il fallait continuer à se mobiliser, même avec des papiers, pour l'égalité des droits et contre les patrons.
Cette régularisation des travailleurs sans papiers est une victoire pour eux, qui montre qu'il est possible de revenir sur les lois Pasqua, Debré, Sarkozy et Chevènement qui ont transformé des immigrés en sans-papiers. Mais c'est aussi une victoire pour tous les travailleurs. Qu'une partie d'entre eux ne soient plus obligés de raser les murs, qu'ils puissent refuser le chantage des marchands de sommeil et s'opposer ouvertement à leurs patrons ne peut que renforcer l'ensemble du monde du travail.