La Poste - Beauvais (Oise) : Mobilisation réussie contre une sanction injuste25/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1873.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste - Beauvais (Oise) : Mobilisation réussie contre une sanction injuste

Au centre de distribution du courrier (Cdis) de Beauvais, une altercation a opposé le 30 mars dernier un cadre et un facteur. À l'origine, une situation devenue courante. Revenant de week-end, notre collègue constate que sa tournée n'a pas été assurée. Il se trouve devant une montagne de lettres et de colis, dont certains urgents; dans ces cas-là, c'est toujours le facteur qui se fait apostropher par les usagers! Notre collègue demande à plusieurs reprises des explications à son chef, qui nie l'évidence et ironise. Le collègue, pourtant connu pour son calme, s'énerve. Dans l'altercation, un stylo égratigne le chef. Le facteur est alors immédiatement retiré du service, comme un dangereux individu, avec interdiction d'y revenir avant le conseil de discipline, qui a donc eu lieu le 18 juin, soit deux mois et demi après l'incident.

Le 1er juin, nous apprenons la sanction demandée par la direction de La Poste: 18 mois de mise à pied! Tout le monde a été stupéfait de l'énormité de la chose. Priver de salaire pendant 18 mois un homme de 59 ans ayant des enfants en âge scolaire, alors que, selon la direction elle-même, ses états de service étaient presque exemplaires et sa colère compréhensible, c'est inconcevable!

De là à penser pouvoir empêcher cette injustice, il y avait loin. Pourtant, l'état d'esprit a changé au fur et à mesure des tracts et des prises de parole syndicales, des discussions un à un pour faire signer les pétitions. Ceux qui pensaient au début que notre collègue méritait une sanction ont réalisé que ce qui est en cause, ce sont en fait les mauvaises conditions de travail et le manque d'effectifs, et aussi le chef, qui n'en était pas à son coup d'essai. Il a fallu discuter sur le fait que "marcher sur les pieds de l'un d'entre nous, c'est nous marcher sur les pieds à tous" ou encore sur la sanction préventive, déjà démesurée, des deux mois et demi de privation de service. Et finalement, la plus grande partie d'entre nous a tenu à faire quelque chose.

Pratiquement tout le monde a signé les pétitions, y compris les chefs directs du collègue. Une partie a placé sur son vélo ou sur sa voiture une affichette de solidarité. Il y a eu trois rassemblements de près de trente personnes à chaque fois, venant argumenter avec conviction et faisant sortir le patron de son bureau.

Quelqu'un a déniché un message d'une entreprise félicitant notre collègue de sa conscience professionnelle. Quelques-uns ont rédigé des témoignages en sa faveur, se terminant par exemple par "Christian, on est avec toi" et qui ont été lus devant le conseil de discipline. D'autres ont participé à la conférence de presse organisée par les syndicats, et certains ont réalisé une banderole de solidarité. Une pétition a circulé dans plusieurs entreprises. Un usager a aussi retrouvé une lettre qu'il avait reçue du chef en question, à propos d'une réclamation antérieure, montrant clairement l'hypocrisie de cet individu.

Le jour du conseil de discipline, une vingtaine de postiers ont fait grève, sur environ quatre-vingts en service. Nous étions soixante pour l'accompagner au conseil de discipline en manifestant dans les rues de la ville, puis pour attendre le verdict. Quand il sortit, accompagné de ses défenseurs de la CGT, et qu'ils annoncèrent que la sanction se limitait à quinze jours de mise à pied, après quelques secondes de silence, ce fut un tonnerre d'applaudissements. Nous avions gagné!

Bien sûr cette sanction est encore trop forte. Mais la solidarité a fonctionné, et continue de le faire puisqu'une collecte est en cours pour compenser sa perte de salaire.

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