Mercredi 23 juin devait avoir lieu la démolition des tours Presov-Ravel à La Courneuve en Seine-Saint-Denis. Pour les habitants du quartier, c'est la perplexité et l'inquiétude.

Pendant près de quatre ans, il a fallu que les habitants se battent pour obtenir de ne pas être relogés dans des appartements ressemblant à des taudis, obtenir que le relogement se fasse plus vite, que le déménagement soit payé et que les travaux dans les logements nouveaux soient pris en charge par l'OPHLM. Sur ces deux derniers points, ils n'ont obtenu que très imparfaitement satisfaction. Certains locataires attendent toujours, plus d'un an après, que l'OPHLM refasse le circuit électrique défectueux de leur nouveau logement.

Pendant ces quatre années, les immeubles déjà dégradés ont périclité à grande vitesse. Il y a eu de moins en moins d'entretien. Au final, c'est toutes les nuits que les derniers locataires risquaient l'incendie à cause des armoires électriques ouvertes à tout vent.

L'administration de l'OPHLM et le Pactarim, l'organisme auquel elle avait sous-traité le relogement, ont utilisé des méthodes indélicates pour faire accepter des logements ne convenant pas, jusqu'à assigner en justice des locataires qui ne demandaient que les travaux règlementaires.

Ceux qui ont été relogés dans les barres adjacentes et ceux qui y habitaient déjà s'attendent à une nouvelle opération de démolition d'ici quelques années, avec toutes les difficultés de relogement que cela représente vu le manque de logements sociaux. Ils sont partagés entre l'espoir d'être relogés dans un quartier plus tranquille où il y aurait moins de problèmes sociaux, et le risque de se retrouver dans un logement trop petit, trop loin, ou trop cher.

Les programmes de constructions neuves de la mairie tardent à se concrétiser et personne ne sait vraiment quel en sera le prix. Dans les communes alentour, les relogés de Presov et Ravel se voyaient déjà opposer un veto dans la majorité des cas. Beaucoup n'appréciaient donc pas que la mairie présente l'implosion des tours comme une fête ouvrant sur un avenir meilleur, comme le laissait entendre la banderole apposée sur le bâtiment et se voyant à des kilomètres de distance: "La Courneuve s'invente un autre avenir".