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Tribune de la minorité
Sécurité sociale : Les mensonges et grosses ficelles de Douste-Blazy !
C'est par la bouche de Douste-Blazy que nous ont été révélées les premières mesures par lesquelles le gouvernement compte s'en prendre à notre système de santé. 100 longues minutes à la télé pour nous convaincre... que presque rien ne changera, que ces mesures seront indolores, que tout le monde sera mis à contribution! Voyons sur pièces.
Une franchise d'un euro par consultation, ça peut apparaître modeste (bien que pour des familles aux faibles revenus, un surcoût d'un euro à chaque fois peut finir par représenter une somme considérable). Mais une franchise, même minime au début, c'est fait pour être augmentée par la suite. Quelques heures plus tard on en a eu l'illustration avec l'annonce que le forfait hospitalier sera augmenté lui aussi d'un euro par jour alors qu'il l'a déjà été de 3 il y a quelques mois à peine.
La CSG des actifs ne serait pas touchée, a aussi annoncé le ministre, espérant ainsi les dissocier des retraités qui verraient la leur s'accroître de 0,4%. Là aussi il n'a pas fallu plus de quelques heures pour être mis au parfum: finalement l'assiette de la CSG des actifs passerait quand même de 95 à 97% du salaire. Une misère bien sûr, mais qui donne toute sa valeur aux engagements du ministre de ne pas toucher aux cotisations des actifs. Ceux-ci seraient bien fous de croire qu'on ne piochera que dans la bourse des retraités.
À noter que la C3S, contribution des entreprises, serait elle augmentée de 0,03 points, treize fois moins que pour les retraités! C'est comme ça que Douste-Blazy met... tout le monde à contribution.
Derrière l'air bonasse du ministre de la santé, c'est à toutes les vieilles ficelles que le gouvernement est en train d'avoir recours pour nous emberlificoter et nous endormir: l'étalement des mauvaises nouvelles dans le temps, le diviser au début pour faire payer tout le monde à la fin.
Il est donc évident que ces premières mesures seront suivies de bien d'autres et que ce sont les salariés, les retraités et les malades qui devront supporter tout le poids de cet effort pour combler un trou que d'autres ont creusé.
Car ce sont les patrons et les gouvernements successifs qui se sont entendus pour vider les caisses de la Sécu: le montant des exonérations de cotisations pour les entreprises a été multiplié par six entre 1993 et 2003; c'est 20 milliards d'euros que les patrons n'ont pas payés en 2003 (pas loin de deux fois l'équivalent du trou de la Sécu). Sans parler des profits de l'industrie pharmaceutique sur le dos des malades et de la Sécu justement.
Il n'empêche que c'est aux assurés que nos ministres font la morale: il nous faudrait être raisonnables, arrêter de prendre trop de médicaments, d'avoir trop d'arrêts de travail, d'aller pour un oui, pour un non, chez le médecin. Et plutôt que d'obliger les patrons à rembourser leurs dettes et payer pour renflouer l'assurance-maladie, Douste-Blazy et Raffarin ont choisi de continuer à dérembourser de nouvelles listes de médicaments ou de nous obliger à passer d'abord par notre médecin traitant avant d'aller consulter un spécialiste, au risque de payer des dépassements d'honoraires faramineux!
Le Parti Socialiste prétend s'opposer au gouvernement sur le dossier de la Sécurité sociale. Mais il reprend la fable du déficit et veut lui aussi "sauver" la Sécu par des mesures qui sont de la même veine que celles de la droite: réduire la consommation de médicaments de 20%, "partager les efforts" Il escamote lui aussi le véritable problème: les dettes scandaleuses des entreprises.
Alors pour faire savoir notre opposition à cette politique de régression sociale:
Dans la rue, soyons nombreux à manifester le 5 juin, à l'appel de la CGT, de la FSU, des Sud et d'associations et de partis de gauche et d'extrême gauche. C'est une première occasion pour leur faire savoir à tous notre manière de penser.
Dans les urnes, le 13 juin, votons pour les listes LO-LCR, les seules à refuser clairement ce chantage au financement et à affirmer: assez de tous ces gouvernements, de droite comme de gauche, qui s'emploient à faire les poches aux travailleurs, c'est aux patrons de payer, et à eux seuls!
Éditorial des bulletins d'entreprise l'Étincelle, du lundi 24 mai 2004, publiés par la Fraction.
Convergences Révolutionnaires n° 33 (mai-juin 2004) - bimestriel publié par la Fraction
Dossier: Élargissement et nouvelle constitution, l'Union européenne est-elle une menace pour les travailleurs?
Articles: L'urgence: contre-attaquer sur la Sécu - Salaires: les trains de retard de la SNCF - Licenciements: le merci de STMicroelectronics pour les subventions reçues - Comment et pourquoi le génocide rwandais fut encouragé et couvert par la France - Des correspondances sur l'Iran et les États-Unis.
Pour se procurer ce numéro, 1,5 €, ou s'abonner (1 an: 9 €; de soutien: 15 €) écrire à: LO, pour la Fraction, BP 233-75865 Paris Cedex 18 ou Les Amis de Convergences, BP 128-75921 Paris Cedex 19 Sur le Net: http://www.convergencesrevolutionnaires.org