Le PS et l'assurance-maladie : Des propositions qui n'engagent à rien20/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1868.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le PS et l'assurance-maladie : Des propositions qui n'engagent à rien

Le 14 mai, dans sa volonté de prendre de vitesse le gouvernement, le Parti Socialiste a rendu publiques ses propositions de "réforme" de l'assurance-maladie. S'inscrivant dans la démarche du ministre de la Santé, Douste-Blazy, le PS prétend lui aussi sauver le système de santé en le modernisant.

Les solutions qu'il préconise se veulent une critique de la politique gouvernementale, "qui conduit notre système de santé vers une impasse". Mais il admet la nécessité d'une réforme et confirme implicitement le "déficit abyssal" dénoncé par la droite.

Les propositions du PS sont suffisamment vagues pour qu'à peu près tout le monde puisse y reconnaître une partie de ses revendications. Le PS met en valeur le rôle des médecins. Selon lui, la consommation de médicaments devrait être réduite de 20%; certaines contributions patronales seraient augmentées; le plan Hôpital 2007 devrait être renégocié; les prix de certains produits pharmaceutiques pourraient baisser. Tout cela sur fond de musique douce parlant prévention, égalité, qualité des soins, service public, meilleure prise en charge, financement pérenne et solidaire.

Voilà le langage du PS dans l'opposition. Mais qu'est-ce qui garantit qu'il ne fera pas précisément le contraire, dès qu'il se retrouvera au gouvernement? Qu'il n'appliquera pas les "réformes" de la droite, celles précisément qu'il dénonce aujourd'hui?

Tout en feignant de se démarquer point par point des projets esquissés par le gouvernement, le PS évite soigneusement un certain nombre de questions qui mettent en cause non seulement la politique de santé de la droite, mais aussi toute la gestion de la Sécurité sociale telle qu'elle existe jusqu'ici.

S'il veut se donner une allure "sociale", pourquoi le PS n'envisage-t-il jamais de revenir sur les mesures antipopulaires adoptées dans le passé, aussi bien par la droite que par lui-même? Le forfait hospitalier, par exemple, ou les déremboursements de médicaments ne figurent pas, à ce que l'on sache, dans les "principes fondateurs de 1945" dont le PS se réclame si fièrement!

Il n'envisage pas non plus de puiser dans les bénéfices des groupes pharmaceutiques pour renflouer les caisses, ni de faire payer aux patrons ou à l'État-patron leurs dettes envers la Sécu, ni de faire passer de la Sécu au budget de l'État les dépenses de formation des médecins ou de construction des hôpitaux, ni d'augmenter les cotisations patronales, ni même de faire cesser toutes les exonérations de cotisations dont les patrons bénéficient.

Il ne s'agit pas là d'oublis. Toutes ces mesures, qui réduiraient à néant le fameux "trou" de la Sécu, mettraient en cause les bourgeois: soit directement, en les faisant payer, soit indirectement, en utilisant l'argent de l'État pour le service public de santé, au lieu de le rendre disponible pour des subventions aux possédants. Or si le PS peut parfois se laisser aller à quelques propositions très générales, jamais il ne peut mettre en cause les bourgeois ou leur État.

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