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- Lutte ouvrière n°1868
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Dans les entreprises
Alstom - Belfort : La seule "solution", pas de licenciements
Dans le secteur des Turbomachines d'Alstom à Belfort, manifestations et débrayages continuent contre le plan de 450 licenciements. Aujourd'hui, après les mesures d'âge (préretraite à 55 ans par exemple) et mutations internes obtenues grâce surtout à la grève totale des camarades Rateau de La Courneuve, il reste ici 230 travailleurs "sans solution".
Malgré les belles paroles de la direction qui nous dit avoir trouvé des centaines d'emplois, personne ne se fait d'illusion sur la possibilité de retrouver un emploi équivalent dans la région, où le chômage a grimpé de 18% avec 6000 chômeurs officiellement recensés dans le Territoire de Belfort. Mais des "solutions", les travailleurs en voient: à General Electric (ex-secteur Alstom des Turbines Gaz) qui a supprimé 300 emplois l'année dernière et recrute des dizaines d'intérimaires, ou à Flo, le secteur du ferroviaire où la production se fait aussi la nuit, les samedis en heures supplémentaires; mais là aussi la direction est en train de supprimer 140 emplois.
L'exemple du précédent plan de licenciements, en 2001, est toujours présent dans les mémoires. Sur 247 lettres distribuées, il reste encore aujourd'hui environ 150 travailleurs qui sont à l'ANPE, avec la menace pour beaucoup d'entre eux de se retrouver aux ASS, et au RMI dans les mois à venir.
Le lundi 3 mai, un débrayage a lieu devant la porte principale de l'usine. À 250, nous sommes allés interpeller la direction de Turbomachines. Le directeur des licenciements, venant devant les travailleurs expliquer les efforts qu'il déployait pour nous reclasser, s'est fait copieusement huer.
Le lendemain matin, nous étions 130 et avons bloqué toute la matinée la porte principale de l'usine et interrompu le trafic des trains de la ligne Paris-Bâle qui passe le long de l'usine.
Pour le lundi 10 mai, les syndicats CGT et FO décident, avec l'aval des grévistes, de rappeler à un débrayage, le temps d'envoyer un courrier à tout le personnel de Turbomachines, qui est massivement en chômage dit partiel depuis des mois, avec souvent un ou deux jours de travail par mois et des salaires de l'ordre de 850 euros mensuels.
Ce jour-là, nous nous sommes retrouvés à une grosse centaine et là fut décidé, au cours d'une réunion au self de l'usine, d'aller occuper le bâtiment de la Station, qui fait la distribution de l'air comprimé et du chauffage. Nous avons alors décidé de couper l'air comprimé, paralysant ainsi une partie de la production de l'usine, malgré les menaces d'une représentante de la direction, accompagnée d'un huissier et de quelques cadres.
Vendredi 14 mai, jour où devaient se tenir les comités d'entreprise extraordinaires de Turbomachines, la direction a changé le lieu, se protégeant dans les locaux du Medef au centre-ville, situés au-dessus d'un grand magasin. Mais c'est encore à une centaine que nous y sommes allés en manifestant dans les rues de Belfort depuis l'usine. Des vigiles nous empêchaient de monter dans les étages et la direction voulait aussi empêcher les délégués de descendre pour retrouver les manifestants, ce qu'un délégué nous a fait savoir en criant depuis une fenêtre: "On est séquestrés par la direction!"
En principe, les étapes légales préalables à l'envoi des lettres de licenciement sont terminées. Mais la lutte pour que Alstom ne laisse pas sur le carreau 230 travailleurs de plus n'est pas terminée.