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Dans les entreprises
La Poste : Les services financiers dans le collimateur
Les organisations syndicales CGT, FO, SUD et CFDT des Services financiers de La Poste, dont les dix-sept centres regroupent les activités de gestion des comptes chèques postaux et de la Caisse Nationale d'Épargne, ont appelé à une journée de grève le mardi 27 avril.
Au cours des dix dernières années, au travers de multiples réorganisations et avec les nombreux départs en retraite, les effectifs sont passés de 32000 personnes à moins de 20000 aujourd'hui. Comme dans tous les secteurs de La Poste, les conditions de travail se sont dégradées. Et lorsque les dossiers s'accumulent, les directions embauchent à 80% des jeunes en CDD.
D'ores et déjà, 2800 suppressions d'emplois sont programmées pour les trois ans à venir. Un texte voté au Sénat le 28 janvier dernier a posé les bases d'un projet de loi (qui sera discuté à l'Assemblée nationale la deuxième quinzaine de mai) créant un établissement de crédit postal qui permettrait de sortir l'activité des Services financiers (soit un quart du chiffre d'affaires) de La Poste «maison mère».
Ainsi, les Services financiers pourraient devenir une banque comme les autres, alors que jusqu'à présent les Chèques Postaux n'ont pas le pouvoir d'être un établissement de crédit. Ils sont un service public, gérant les comptes de nombreux usagers n'ayant d'autres ressources que leur salaire. Ils accueillent même bien souvent des personnes que, faute de revenus suffisants, les banques refusent.
Cela fait déjà plusieurs années qu'on essaie d'inculquer au personnel des Chèques qu'il faut bannir du vocabulaire le mot d'usager et plutôt parler de «client». Des objectifs commerciaux sont d'ailleurs donnés au personnel pour accrocher «le bon client». Car «les Chèques Postaux ne peuvent rester la banque des pauvres». Ce discours distillé dans toutes les réunions heurte une bonne partie du personnel qui jusque-là avait toujours travaillé avec une notion de service public.
Un rapport de la Cour des Comptes explique que le personnel des Services financiers est trop vieux (plus de 48 ans en moyenne), qu'il est composé d'une majorité de femmes travaillant en temps partiel ou bien trop souvent malades. Il ajoute que pour le même travail, les banques privées emploient 7500 personnes contre près de 20000 dans les Services financiers de La Poste. Un tel langage n'augure rien de bon.
Un tiers du personnel a répondu présent lors de la journée de grève du 28 avril, tout en sachant que cela ne suffira pas, comme il ne suffira pas que les organisations syndicales programment des journées de grève dans tous les secteurs de La Poste, les unes derrière les autres, et en dehors des journées de l'EDF, des hôpitaux et des enseignants, tactique qui ne peut inquiéter ni le gouvernement ni les requins de la finance.