Hispano-Suiza (Colombes, 92)06/05/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/05/une1866.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hispano-Suiza (Colombes, 92)

Les tribunaux donnent raison aux licenciés

En 1992 Hispano-Suiza, société spécialisée dans la fabrication de boîtiers et d'engrenages de moteurs d'avion, groupe appartenant à la Snecma, licenciait 83 salariés sur son usine de Bois-Colombes. À l'époque, les dirigeants de l'entreprise s'étaient engagés à reprendre prioritairement les licenciés si une reprise d'activité intervenait, manière comme une autre de vouloir faire passer la pilule. Evidemment, la direction pensait que la promesse de réembauche serait vite oubliée et que c'était en quelque sorte «paroles en l'air».

C'était compter sans la détermination d'une quinzaine de licenciés, qui décidaient de s'organiser en «collectif» à partir d'avril 2000. Ces anciens de l'usine avaient été informés d'une reprise d'activité sur Hispano et même d'embauches depuis 1997, et étaient donc fermement décidés à faire respecter les engagements de la direction. Ce qui n'était pas évident, des années après la vague de licenciements.

Pour réussir, il fallait évidemment pouvoir s'appuyer sur les travailleurs toujours en poste, trouver leur soutien ainsi que celui des syndicats d'Hispano, mais aussi de l'ensemble du groupe. Le pari était loin d'être gagné. Pourtant, les travailleurs y sont parvenus, devenant des militants actifs du collectif pour leur réembauche. Le collectif est intervenu à de nombreuses reprises devant l'usine d'Hispano par voie de tracts, par des discussions aux entrées, par des contacts avec les syndicats, activité suffisamment efficace pour que plusieurs manifestations et débrayages soient organisés dans l'usine en leur faveur.

Entre avril 2000 et décembre 2001, le collectif des licenciés réussit ainsi à faire réembaucher huit d'entre eux dans les différentes usines du groupe: à Hispano bien sûr, mais aussi à la Snecma de Gennevilliers, de Corbeil ou de Saint-Quentin-en-Yvelines. C'était déjà un grand succès, mais pas complet puisque cinq licenciés du collectif restaient sur le carreau. Ces derniers décidèrent donc de porter leur affaire devant les tribunaux.

La procédure judiciaire engagée début 2002 vient de se terminer ces dernières semaines. La direction dans un premier temps était condamnée par les Prud'hommes à verser des indemnités aux licenciés, mais à une hauteur que ces derniers estimaient insuffisante. L'appel engagé par le collectif vient d'être rendu par un jugement du 1er avril 2004. Il augmente de manière significative le montant des indemnités qui, pour les cinq «appelants», s'étale de 5000 à 18000 euros. Pour le collectif et pour tous ceux qui se sont engagés dans cette lutte, c'est un deuxième succès.

Partager