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- Lutte ouvrière n°1865
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Dans les entreprises
Total -Atofina (Villers-Saint-Paul, 60) : Une incurie criminelle à l’origine de deux explosions
À l'usine Atofina (groupe Total) de Villers-Saint-Paul, près de Creil, deux incidents graves ont eu lieu dans un même atelier qui fabrique du formol et de la colle industrielle.
Dans la nuit du mercredi au jeudi 22 avril, une explosion a fait vibrer l'atelier, entendue à plusieurs kilomètres à la ronde. Les dix disques de ruptures -sortes de soupapes de sécurité- de la chaîne de production ont sauté. Les couvercles protégeant ces disques ont été projetés avec une violence telle que des morceaux se sont enfoncés dans le toit en tôle de l'atelier. Les origines de l'incident n'étaient pas connues, mais déjà la direction appelait en urgence les sous-traitants pour réparer... en vue d'un redémarrage! Et avant même que les lavages de rigueur soient effectués, la hiérarchie fit ouvrir les appareils, répandant ainsi un produit toxique et lacrymogène qui a fortement incommodé tous ceux qui travaillaient dans l'atelier.
Le samedi suivant, l'unité était redémarrée sans même que l'on en sache davantage sur l'origine de l'explosion. La direction s'est juste fendue d'un courrier à la Drire (administration qui est censée surveiller les installations à risques, et notamment les sites classés Seveso 2 comme c'est le cas de l'usine de Villers-Saint-Paul) pour lui signaler l'incident... et d'un autre courrier pour l'avertir du redémarrage. Elle s'est aussi passée de l'autorisation du CHS-CT (Comite d'Hygiène et Sécurité-Conditions de Travail) qui ne voulait pas être associé à cette irresponsabilité. À juste titre, car le jour même se produisit une nouvelle explosion, avec les mêmes conséquences, là encore uniquement matérielles heureusement. À un quart d'heure près, il aurait pu y avoir une victime présente sur les lieux. De plus, la chaîne de production voisine, atteinte elle aussi, ne s'est pas mise en sécurité pour une raison... inconnue. C'est seulement à ce moment-là que la direction s'est convaincue qu'il fallait arrêter les deux lignes de production et comprendre ce qui se passait.
Pourtant, depuis des mois le personnel avait fait remarquer des conditions de fonctionnement anormales, alors que cette unité de production n'a même pas deux ans. Elle est surveillée et commandée par un système informatique dernier cri mais les capteurs qui contrôlent l'installation ne valent rien s'ils ne sont pas entretenus. Or la direction fait des économies sur la maintenance.
Même si, fort heureusement, ces deux explosions n'ont pas eu les conséquences des accidents mortels d'AZF à Toulouse ou de la raffinerie de la Mède, elles prouvent encore une fois l'incurie criminelle de la direction de Total-Atofina, prête à faire passer la recherche de toujours plus de profits avant la sécurité et la vie des travailleurs.