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Dans le monde
États-Unis : À bas les attaques contre les droits des femmes
Le 25 avril, c'est une manifestation de plus d'un million de personnes, selon les organisateurs, qui a eu lieu à Washington pour défendre le droit des femmes à disposer de leur corps. Les manifestants, en majorité des femmes, venus de tout le pays ont défilé à l'appel d'organisations prônant la liberté de choix pour les femmes, pour protester contre les multiples attaques menées par l'administration Bush contre le droit à l'avortement mais aussi le droit à la contraception et à l'éducation sexuelle.
Le 1er avril dernier, George Bush a en effet promulgué une loi sur les «victimes non-nées de violence» qui aggrave les peines si le foetus est endommagé en cas d'agression d'une femme enceinte, reconnaissant par ce biais une personnalité juridique au foetus. L'an dernier, une loi interdisant aux médecins d'utiliser certaines techniques pour des avortements dits tardifs (à partir de la douzième ou treizième semaine) a été adoptée, criminalisant les médecins qui passeraient outre et les femmes qui y auraient recours. Cette loi a d'ailleurs été baptisée «loi contre l'avortement d'une naissance partielle», galimatias fort peu scientifique mais qui a l'avantage de faire passer ces avortements pour des meurtres!
D'année en année, les différents États américains adoptent les uns après les autres des législations de plus en plus restrictives, qui touchent particulièrement les femmes dont les revenus sont modestes et les mineures. Dans la majorité des États, il y a maintenant des régions entières où il est impossible de trouver un médecin pour pratiquer un avortement, suite à la campagne de terreur, allant jusqu'au meurtre, d'associations prétendument «pour la vie».
En fait, depuis que, en 1973, la Cour suprême a jugé l'avortement légal, les attaques contre le droit des femmes à y avoir recours n'ont pas cessé. L'une des plus graves est venue des démocrates puisqu'elle a été adoptée par le président Carter en 1977. Elle a interdit d'utiliser pour des avortements les fonds de l'État fédéral consacrés à la couverture médicale des plus défavorisés, empêchant ainsi les femmes les plus pauvres d'y avoir recours.
Aujourd'hui que c'est Bush qui dirige les attaques contre les droits des femmes, des vedettes du Parti Démocrate se sont jointes à la manifestation. On trouve parmi elles Hillary Clinton, qui en a profité pour appeler à «bien voter» en novembre prochain. Le candidat démocrate, John Kerry, dont les filles étaient présentes, s'est contenté de recevoir les organisatrices pour les assurer qu'il était «pour le droit des femmes». Ses partisans se sont chargés de distribuer des badges à son nom dans la manifestation et ont incité les participants à s'inscrire sur les listes électorales.
La manifestation a donc pris une forte tonalité anti-Bush. Mais il serait faux de s'en remettre au résultat des prochaines élections pour garantir les droits des femmes, même si les démocrates l'emportent. Dans le passé, seules les luttes des années 1960, les luttes des femmes mais aussi les luttes des Noirs et les mobilisations contre la guerre au Vietnam, ont imposé un peu plus de libertés. Aujourd'hui, ce sont les mobilisations et les luttes de ceux qui refusent ce retour en arrière de toute la société qui pourront mettre un coup d'arrêt à ces attaques réactionnaires. La manifestation de dimanche ne peut qu'être un encouragement dans ce sens.