SNCM (Marseille) : L'odyssée des marins et des passagers du “Méditerranée”22/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1864.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCM (Marseille) : L'odyssée des marins et des passagers du “Méditerranée”

760 passagers du Méditerranée, qui devaient partir pour la Tunisie le samedi 17 avril, ont dû attendre deux jours à Marseille. Cette attente a été présentée comme une conséquence de la grève de l'équipage, mais elle est plutôt la conséquence du mépris de la direction vis-à-vis des passagers comme vis-à-vis des marins.

Les marins du Méditerranée avaient eu fort à faire les jours précédents. Partis le 13 avril de Marseille pour Alger, ils durent, dans la nuit, éteindre un incendie, un des groupes électrogènes ayant explosé. De retour à Marseille, la réparation du groupe dura beaucoup plus longtemps que prévu et ils ne repartirent que le vendredi à 4h30 du matin, alors que le départ était initialement prévu le jeudi 15 à 11 h 30.

Cette traversée se fit par très mauvais temps. Le navire, l'équipage et les passagers mal en point n'atteignirent Alger que le samedi à 2 h du matin, au lieu de vendredi à 8 h. Comme le retard était important, le bateau repartit sans même avoir été nettoyé. De toute façon, cela faisait du travail en plus pour les marins. Le bateau fut de retour à Marseille samedi à 22h30 alors qu'il aurait dû en repartir le même jour, mais à 11 h 30 du matin.

Vis-à-vis des marins qui étaient censés appareiller aussitôt et qui venaient de faire face aux avaries, aux retards et au mauvais temps, la direction n'eut pas un geste. Il a fallu que les marins se déclarent en grève dans la nuit de samedi à dimanche pour qu'elle promette des compensations.

Sur le parking, les 760 passagers qui devaient partir pour la Tunisie avec le Méditerranée attendaient pour leur part depuis le samedi matin. Parmi eux, 180 furent logés à l'hôtel par la SNCM, les autres se débrouillèrent avec 40 euros par jour et par personne, fournis par la compagnie. Mais 150 préférèrent rester sur le parking, de peur que leur voiture soit fracturée et leurs bagages volés. Ils craignaient aussi de perdre leur place sur le bateau et d'être encore retardés.

Or les conditions d'accueil sur le quai sont très rudimentaires. Quant aux informations, rares et laconiques, elles ne répondaient pas aux interrogations des passagers qui ont ainsi attendu deux jours et deux nuits, souvent avec des enfants.

Inutile de dire que, traités avec une telle désinvolture, les passagers se sont exaspérés et s'en sont pris au personnel travaillant sur les quais.

Avant le départ, la direction voulut faire nettoyer le navire, non par les équipes de nettoyage, mais par les marins eux-mêmes qui, en moyenne, avaient déjà sur les épaules 17heures de travail par jour depuis le début de la semaine. Ils poursuivirent donc leur grève.

Finalement, les passagers furent embarqués lundi 18 au soir sur un navire de la Compagnie Tunisienne de Navigation, affrété par la SNCM.

Mardi 20 avril la grève continuait, car les marins ne veulent plus qu'on leur impose des successions de journées à rallonge.

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