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Israël : Mordechaï Vanunu presque libre
Mordechaï Vanunu est sorti de prison ce mercredi 21 avril. Agé de 50 ans, il terminait une peine d'emprisonnement de 18 ans pour «trahison». En 1986, cet ancien technicien nucléaire avait en effet dénoncé, dans le journal londonien Sunday Times, l'existence d'un programme militaire nucléaire dissimulé par les autorités israéliennes. Pacifiste, il dénonçait «l'illusion dangereuse de croire que l'arme nucléaire peut être un moyen de défense. Seule la paix entre les États peut offrir la sécurité» et militait pour le désarmement nucléaire.
Enlevé par les services secrets israéliens, le Mossad, il avait été jugé et condamné pour «haute trahison» lors d'un procès tenu à huis clos à Jérusalem. Depuis, il a passé 18 ans de sa vie en isolement total. Une situation «cruelle, inhumaine et dégradante», selon Amnesty International. Il sort aujourd'hui «heureux de ne pas être devenu fou». Homme de conviction, il avait refusé aux militaires israéliens une offre de libération anticipée, en 1998, à condition qu'il ne dénonce plus les armes nucléaires.
Mais Vanunu n'en a pas tout à fait fini avec les autorités israéliennes. S'il quitte la prison, il n'est pas encore entièrement libre de ses mouvements. Il n'aura pas le droit de se rendre à l'étranger pendant un an ni de parler avec des étrangers ou encore de s'approcher des ports ou aéroports, des frontières de l'État hébreu et des ambassades. Il lui est également interdit de parler du travail qu'il effectuait sur le réacteur nucléaire de Dimona, dans le désert du Néguev. Le ministère de la Défense lui a d'ailleurs remis une carte d'Israël pointant tous les endroits qui lui sont interdits! Il lui a été signifié que s'il violait ces interdictions, il retournera en prison.
Soutenu par une campagne internationale, ses amis disent qu'il n'a plus de secret à révéler. Mais la bombe atomique reste un sujet tabou dans un pays qui officiellement affirme ne pas disposer d'armement nucléaire. En réalité, il en posséderait une centaine.
Ces restrictions scandaleuses ont été chaudement approuvées par le père du programme nucléaire israélien, mis en oeuvre dans les années cinquante et soixante, qui n'est autre que le dirigeant de la gauche travailliste Shimon Pérès, qui défend ici non seulement une redoutable arme de destruction massive mais également la raison et le secret d'État. Une raison supplémentaire d'être solidaire avec Vanunu.