Même sans ordonnance, la pilule peut être amère16/04/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/04/une1863.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Même sans ordonnance, la pilule peut être amère

Dans son discours d'après les élections régionales, Chirac a annoncé qu'il renonçait à faire passer par une simple ordonnance son projet de "réforme" -disons plutôt de démantèlement- de la Sécurité sociale. Cela peut paraître comme une concession, voire un recul. En fait, ce n'est ni l'un ni l'autre.

Le chef de l'État et son gouvernement Raffarin III n'ont nullement renoncé à leur projet d'attaquer le système de soins et de sécurité sociale, simplement ils acceptent de le faire adopter à la suite d'une "concertation" qui sera suivie d'une loi votée au Parlement, où le gouvernement dispose d'une majorité absolue, rien qu'en ne comptant que les élus UMP.

Les dirigeants du Parti Socialiste ont applaudi cette démarche. En réponse à Raffarin qui a souhaité "associer l'opposition" à la réforme de l'assurance maladie, François Hollande, secrétaire du PS, n'a pas dit non. Il a simplement rappelé être attaché à des principes généraux comme "la qualité" des prestations, un même niveau de prise en charge pour tous, "l'égalité dans l'accès aux soins", "la justice dans le financement", sans préciser qui, des assurés ou du patronat, devra financer.

L'UMP a fait savoir qu'elle "se réjouissait" de l'attitude du PS car elle considère, à juste titre, qu'"en posant certaines conditions, le Parti Socialiste indique qu'il ne décline pas l'offre a priori". Le député socialiste qui siège au Haut Conseil de l'assurance maladie a d'ailleurs demandé au ministre de la Santé de "mettre en place à l'Assemblée, dès le début du mois de mai, les conditions d'un échange projet contre projet". Rien qu'en acceptant de discuter de ce projet, le PS cautionne la réforme, ne serait-ce qu'en participant à la campagne qui vise à faire croire, ce qui est faux, que cette réforme est inévitable et urgente. Le PS préfère rester dans le vague, pour ne pas montrer que ses projets convergent avec ceux de la droite. Sinon, rien ne l'empêcherait de le dire haut et fort. Car, comme pour les retraites, le PS est sur la même longueur d'ondes que l'UMP ou l'UDF. Tous sont d'accord pour faire supporter le soi-disant trou de la Sécurité sociale aux assurés alors que le patronat en est le principal responsable et bénéficiaire, à la fois par ses retards de cotisations, les exonérations que lui ont octroyées les gouvernements de gauche puis de droite, et par les licenciements qui, en alimentant le chômage, privent les caisses de sécurité sociale de rentrées en réduisant le nombre de salariés qui cotisent.

L'opération de Chirac-Raffarin III vise à trouver un consensus entre la droite et le PS. Vu les positions des uns et des autres, la tâche ne paraît pas insurmontable.

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