Impôts : Les pauvres paient de plus en plus pour les riches18/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1859.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Impôts : Les pauvres paient de plus en plus pour les riches

Le gouvernement se vante d'avoir, cette année encore, diminué les impôts. Et pour donner à ses réformes une apparence de justice, il met en avant la baisse de 3% de l'impôt sur le revenu de tous les contribuables.

Or cette mesure n'est équitable qu'en apparence puisqu'elle ne profite évidemment pas aux 16 millions de ménages qui ont si peu de revenus qu'ils ne sont pas imposables. Quant aux 17 millions de foyers assujettis à cet impôt, ils ne bénéficient pas de la même manière de la baisse. L'économie d'impôt qui en résulte est bien plus importante pour les contribuables les plus aisés que pour les catégories situées dans les plus basses tranches du barème. Selon les calculs du Syndicat national unifié des impôts, un célibataire ayant déclaré 12000 euros de salaire brut annuel bénéficiera ainsi d'un allégement de 15 euros, alors que celui qui déclare 100000 euros verra son impôt diminuer de 944 euros.

Cette politique qui consiste à diminuer l'impôt sur le revenu privilégie surtout les catégories les plus riches. La Cour des Comptes a ainsi calculé que 10% des ménages les plus aisés avaient bénéficié de 69% des baisses d'impôt décidées en 2002.

L'ensemble des mesures fiscales applicables cette année devraient encore renforcer cette tendance. On peut citer la réduction d'impôt liée à l'emploi d'un salarié à domicile, les réductions liées aux investissements dans les DOM-TOM, aux investissements dans les résidences de tourisme et aux investissements dans l'immobilier locatif. En cumulant plusieurs de ces dispositifs, un salarié déclarant 100000 euros de revenu pourra ainsi ramener, en toute légalité, son impôt de 17220 à 2120 euros (soit un taux effectif d'imposition de 2,36%!).

S'il en était besoin, on pourrait encore relever l'élargissement des exonérations en matière d'impôt sur la fortune ou la réforme de la taxation des plus-values immobilières. Sans parler de la baisse des impôts des entreprises alors que, selon les statistiques de l'OCDE, la France impose les bénéfices des sociétés déjà plus faiblement que des pays comme les États-Unis, le Japon ou le Royaume-Uni.

La politique fiscale du gouvernement remet non seulement en cause le principe de l'impôt progressif sur le revenu, qui voudrait que plus on gagne, plus on paie, mais elle grève également les recettes de l'État. Cela contribue au déficit croissant du budget, que le gouvernement invoque pour justifier un renforcement des impôts indirects, comme la taxation du gazole ou celle du tabac, ainsi que des impôts locaux. Or ces impôts frappent de plus en plus lourdement les consommateurs et les habitants, qu'ils soient ou non imposables sur le revenu.

Finalement, le peu qu'il fait semblant de donner aux classes populaires par la baisse de l'impôt sur le revenu, le gouvernement le leur reprend largement par ailleurs. En revanche, les cadeaux aux classes aisées et aux entreprises sont une réalité. Une réalité qu'il finance en volant chaque jour dans les poches des plus démunis.

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