Chômage : Ne pas accepter la dictature des actionnaires18/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1859.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômage : Ne pas accepter la dictature des actionnaires

Les hommes politiques, de droite, comme de gauche, tout comme les économistes des revues spécialisées, se gardent bien de désigner les vrais responsables du chômage. Ils invoquent la concurrence, la nécessité de rendre les entreprises compétitives, ou la "mondialisation" de l'économie avec son corollaire, les délocalisations, ou bien fournissent d'autres explications encore qui, toutes, tendent à renforcer l'idée que le chômage est une fatalité.

Il existerait des lois économiques qui agiraient, comme des lois de la nature, indépendamment de la volonté des hommes. En conclusion, on n'y pourrait donc rien.

Mais le chômage n'est pas une fatalité. Il résulte de choix, de décisions conscientes. L'économie mondiale est dirigée par quelques grands groupes industriels et financiers, quelques milliers d'entreprises géantes. Sur les deux cent plus importantes d'entre elles, dix réalisent à elles seules un chiffre d'affaire équivalant à plus du quart de la richesse mondiale (26,8% du PIB mondial, en 1992). Et ces multinationales dont certaines pèsent aussi lourd que des pays entiers ne sont aux mains que d'une poignée d'actionnaires. Voilà qui sont les responsables du chômage!

Ces grands groupes en effet exercent un pouvoir sans contrôle sur l'économie, ne se préoccupant que de leurs profits et des dividendes de leurs actionnaires. Dans le secret des conseils d'administration, les actionnaires peuvent décider de fermer des usines, dont ils ne savent pas ce qu'elles produisent exactement ni même parfois où elles se situent. Ils peuvent décider de licencier en masse, de délocaliser, sans avoir à se préoccuper des conséquences sociales de leurs décisions, pas plus qu'ils ne se préoccupent d'ailleurs de l'utilité sociale de ce qu'ils produisent. Les actionnaires d'Aventis, de Danone, d'Arcelor pour la sidérurgie, les patrons du textile, comme Rhodia, ceux d'Alstom, ou dernièrement ceux de STMicroelectronics veulent toujours plus de bénéfices quoi qu'il en coûte.

Mais pourquoi peuvent-ils prendre de telles décisions simplement au nom du fait qu'ils ont la propriété privée d'une entreprise? Les grandes entreprises regroupent des milliers de salariés et produisent, grâce à eux, des richesses qui ont une importance sociale souvent colossale. La volonté des actionnaires peut être en contradiction avec les besoins de la population. La décision de fermer une usine pour transférer sa production ailleurs, par exemple, peut mettre en crise l'économie de toute une région. Alors l'avis des travailleurs et de la population concernés devrait compter bien plus que celui d'actionnaires qui ne visent que leur profit immédiat.

Il faut que cesse ce qui est une véritable dictature du capital industriel et financier sur la société. Des patrons ne doivent pas pouvoir prendre la décision de licencier sans le payer aussitôt, sans que l'argent pour maintenir les emplois soit pris sur leurs bénéfices, souvent énormes. Il faut interdire les licenciements dans les entreprises qui font des profits. Il faut que la population puisse contrôler ce que décident les patrons de ces grandes entreprises, et pour cela annuler tout ce qui dans la loi s'oppose à la transparence sur leurs opérations financières, c'est-à dire supprimer le secret industriel et bancaire, le secret des affaires.

L'économie pourrait être organisée d'une façon rationnelle et humaine, si au lieu de ne produire qu'en fonction du profit, ce qui engendre pauvreté et chômage, on produisait en fonction des besoins de la population, recensés à l'échelle de la planète.

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