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Leur société
Le programme du Front National : À droite, droite!
En préconisant la suppression totale de l'impôt sur le revenu ainsi que de l'impôt sur la fortune, le Front National montre qu'il se veut au service des riches (voir LO n° 1856 du 27 février).
En fait, le Front National veut abroger les rares impôts et cotisations qui frappent plus particulièrement les capitalistes et la bourgeoisie. Pour financer ses dépenses, l'État n'aurait plus à sa disposition que les impôts indirects, la TVA et les taxes sur les produits pétroliers, qui frappent proportionnellement bien plus les pauvres que les nantis.
Côté dépenses, le FN promet des baisses drastiques. Mais pas dans tous les domaines. Il y aura moins de beurre pour la population, mais il y aura des canons à financer. Le FN promet aux galonnés et aux industriels de l'armement un budget militaire de 4% du PIB, le double de ce qui existe aujourd'hui.
Concernant les services publics utiles à la population, c'est la privatisation et la liquidation qui sont à l'ordre du jour.
Dans la partie "Désétatiser la société française" de son programme, le FN propose de remettre à la libre entreprise "les télécommunications, les transports, les loisirs, l'industrie -à l'exception de l'énergie-, les activités financières." A vrai dire, il ne fait guère preuve d'originalité dans ce domaine, puisqu'il reprend à son compte un programme de privatisation largement entamé par le gouvernement Raffarin et par le gouvernement Jospin. Il en rajoute seulement dans la hargne antiouvrière, promettant la révocation des grévistes des transports: "Les organisateurs de grèves surprises en violation du préavis feront l'objet de sanctions disciplinaires allant jusqu'à la révocation."
Concernant la santé, le Front National est là encore dans la droite ligne de Raffarin et du Medef. Il préconise que seuls les "gros risques" soient pris en charge à 100%. Toutes les autres maladies ou affections, que le FN qualifie de "petits risques", feront l'objet d'un "contrat" avec une mutuelle ou une assurance privée. Autant dire que seuls ceux qui en auront les moyens auront la possibilité d'accéder aux soins.
Concernant l'éducation, il propose que l'État subventionne à égalité l'enseignement privé et public et réclame la suppression des ZEP (zones d'éducation prioritaire). Chaque établissement serait autonome financièrement et pourrait librement décider des droits d'inscription et frais de fonctionnement à facturer aux parents d'élèves. Un "chèque scolaire" serait attribué, indépendamment de leurs revenus, aux familles, et "chacun pourra choisir librement l'école de son choix", là encore donc en fonction de son revenu.
Cela signifierait évidemment la fin de ce qui reste de mixité sociale dans l'éducation, avec, plus encore qu'aujourd'hui, des écoles bien dotées en moyens pour les gosses des riches et des écoles publiques sous-équipées pour les enfants des pauvres.
Le FN veut donc aggraver l'emprise du clergé sur l'éducation (la grande majorité des écoles privées sont catholiques). Dans les écoles publiques, il menace de révoquer les enseignants et agents publics coupables de "manipulations idéologiques", c'est-à-dire de ne pas enseigner les programmes et contenus d'enseignements que le FN veut entièrement redéfinir. Mais les curés, eux, ne font pas partie de ceux qui "manipulent les esprits" de la jeunesse, selon Le Pen et ses ouailles!
Le Front National se réclame des préjugés les plus obscurantistes et les plus réactionnaires.
Contestant le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes, le Front National préconise l'abrogation des lois sur l'IVG, et donc la suppression du droit à l'avortement. Il se déclare pour la suppression du PACS, déplore l'accroissement des divorces et des naissances hors mariage. Le visage de la droite la plus réactionnaire, démagogie xénophobe incluse, apparaît sans fard.
Il faut être sourd ou aveugle pour croire que la politique du Front National défend les pauvres. Quand les familles bourgeoises intégristes de droite ou d'extrême droite votent pour LePen ou un candidat du Front National, elles votent pour l'un des leurs.
Mais qu'un travailleur, un chômeur vote pour Le Pen, pour protester contre la situation qui lui est faite, il vote contre lui-même. Loin de sanctionner la politique du gouvernement, il l'encourage au contraire à continuer de diminuer les impôts des riches et à s'en prendre aux plus pauvres et aux services publics.