- Accueil
- Lutte ouvrière n°1857
- Santé : Les victimes des économies budgétaires
Leur société
Santé : Les victimes des économies budgétaires
Ce ne sont pas des révolutionnaires qui le disent, mais le rapport parlementaire présenté mercredi 25 février à l'Assemblée nationale: la catastrophe sanitaire liée à la canicule a fait 15000 morts, 14947 exactement entre le 4 et le 18 août 2003 et les services du ministère de la Santé ont une large part de responsabilité dans cette hécatombe.
Les personnes qui ont succombé à la chaleur ne sont pas mortes simplement avec quelques mois d'avance, contrairement à ce que la propagande gouvernementale avait insolemment, et indécemment, prétendu. Il y a eu indiscutablement une surmortalité en 2003 à cause des manquements des pouvoirs publics. On se rappelle l'intervention choquante du ministre de la Santé, Jean-Pierre Mattei, qui, interrogé à la télévision le lundi 11 août, tout sourire dans son petit polo, s'était voulu rassurant. Il avait annoncé la mise en place... d'un numéro vert, alors que le week-end précédent, entre le 8 et le 12 août, 6700 personnes étaient déjà mortes! Depuis le 5août, des médecins avaient signalé des cas inquiétants d'hyperthermie et les services d'urgence des hôpitaux commençaient à être submergés. Mais il fallut attendre le 13 août pour que le gouvernement déclenche le "Plan blanc" à l'échelle nationale.
Le rapport rappelle ces faits et montre que les pouvoirs publics ont bel et bien tardé à prendre les mesures qui s'imposaient.
Pour se disculper, le gouvernement a ensuite mené une campagne de culpabilisation générale, en prétendant que les victimes de la canicule étaient imputables à l'absence de solidarité et de générosité, à l'égoïsme de la population! Mais le rapport rappelle que 63% des personnes âgées décédées en août 2003 résidaient dans des institutions où, a priori, elles auraient dû pouvoir compter sur du personnel pour les entourer. Ce n'est donc pas l'isolement des personnes âgées seules à leur domicile qui a tué, mais l'absence criminelle de moyens dans les maisons de retraite, dans les centres d'hébergement pour personnes âgées et aussi dans les hôpitaux publics où le nombre de décès entre le 1er et le 20 août a été multiplié par 1,5.
L'été 2003, comme chaque été depuis des années, les hôpitaux ont fermé des lits pendant les vacances, faute de personnel en nombre suffisant pour s'occuper des malades. Le rapport pointe ces responsabilités: les urgences sont qualifiées de "parent pauvre". Il souligne le "sous-effectif en personnel de soins".
Mais sur quoi déboucheront ces constatations? Le ministre de la Santé est toujours en place, le gouvernement aussi. Avec eux, les suppressions de postes dans les hôpitaux continuent et on continue à rogner sur le budget de santé. Cette politique, constante depuis des années, a été assumée par tous les gouvernements, de gauche comme de droite, qui ont tous contribué à l'aggravation des conditions de soins dans ce pays et ont, chacun à leur façon, une part de responsabilité dans l'hécatombe de cet été. La seule conclusion qui découle de ce rapport, c'est qu'il faut des services de santé qui répondent aux besoins. Au gouvernement de dégager les moyens financiers indispensables pour embaucher le personnel nécessaire. Au lieu d'être englouti à fonds perdus dans des aides au patronat, l'argent de l'État doit aller aux services essentiels. Soigner la population en est un!