Le Centre de Réalisation des Prototypes Véhicules est une des directions du Technocentre Renault de Guyancourt en grande banlieue parisienne où travaillent plus de dix mille salariés. Dans cette direction de 550 ouvriers, Renault est en train d'inventer un nouveau type de flexibilité.

Les ouvriers y fabriquent les prototypes des nouveaux véhicules et, sur des mini-chaînes, préparent le montage des véhicules en usine. Or, entre les premiers dessins d'une voiture et sa réalisation finale, les délais se sont considérablement réduits et Renault voudrait faire des économies. Cela l'a conduit à revoir complètement l'organisation de la fabrication des prototypes qui, jusqu'à présent, était planifiée et répartie tout au long de l'année.

Ainsi, en début d'année, la direction a imposé une flexibilité pour 2004 et 2005: elle a mis en place, de janvier à fin mars, ce qu'elle appelle une "période basse" où beaucoup de salariés ne travaillent pas le vendredi. Et elle a fait pression sur une vingtaine de travailleurs "volontaires" pour qu'ils aillent, pendant cette période, travailler à Douai dans le Nord, à Palencia en Espagne, ou bien en Roumanie en leur faisant comprendre que ce serait bon pour leur évolution. C'est ainsi que ces ouvriers se sont par exemple retrouvés sur chaîne à Douai, à la place d'intérimaires, sans pouvoir revenir à leurs postes de travail d'ici fin mars.

En revanche, de début juin jusqu'à fin septembre, ce sera une "période haute" où il faudra travailler dix heures par jour.

Malgré l'opposition des ouvriers à cette régression de leurs conditions de vie et de travail, la direction a trouvé quelques syndicats qui ont donné à cette nouvelle organisation, en Comité d'Entreprise, un avis favorable.

On connaissait déjà la flexibilité des horaires de travail dans un même site Renault. Renault introduit maintenant la flexibilité du lieu de travail suivant les aléas des plannings de développement des véhicules.