Mercredi 28 janvier, plus de six cents travailleurs manifestaient dans la zone industrielle Stelytec, à Saint-Chamond, pour réclamer des mesures pour l'emploi dans la vallée du Gier. La manifestation était organisée par les Unions locales CFDT de Saint-Chamond et Rive-de-Gier et CGT de Saint-Chamond, ainsi que par diverses associations.

La vallée du Gier, de Saint-Chamond à Rive-de-Gier, en allant de Saint-Etienne vers Lyon, est essentiellement une vallée industrielle et ouvrière. On pourrait presque dire "était", tant elle a vu de fermetures d'entreprises et de licenciements dans les années 1980 et 1990, à commencer par la disparition des usines Creusot Loire, lorsque le baron Empain jugea plus profitable de vendre ses vieilles installations à l'État et d'investir dans d'autres branches. Depuis, l'État, qu'il y ait eu à sa tête un gouvernement de droite ou de gauche, a continué à "dégraisser" dans les usines rachetées; les patrons privés ont fait de même. Dans les trois dernières années, ce sont plusieurs centaines d'emplois qui ont disparu. Il n'y a pratiquement pas eu d'installation d'entreprises nouvelles, si ce n'est certaines venant d'ailleurs et dont les patrons ont été attirés par différentes facilités offertes pour s'installer (subventions, dégrèvements d'impôts...). Ce qui fait que beaucoup de jeunes -et de moins jeunes- sont obligés d'aller chercher du travail ailleurs: un peu à Saint-Etienne, beaucoup dans l'agglomération lyonnaise. D'où des problèmes de saturation des trains TER et de l'autoroute Saint-Etienne-Lyon.

Deux entreprises importantes sont sous la menace d'une fermeture pure et simple: Bormiolli-Rocco (ex-Verrerie du Gier), à Rive-de-Gier, avec près de 300 travailleurs, et GIAT Industries, avec près de 600 travailleurs, à Saint-Chamond. Les travailleurs de ces deux entreprises formaient les plus gros bataillons de la manifestation. Mais on y comptait aussi des salariés ayant débrayé pour l'occasion, venant des services publics et de diverses entreprises industrielles privées qui, pour la plupart, ont subi ces dernières années ou subissent en ce moment des diminutions d'emplois plus ou moins drastiques.

Malgré la neige et le froid, la manifestation fut un succès. Beaucoup de militants et de travailleurs combatifs l'attendaient depuis un certain temps, au moins depuis l'annonce, en avril dernier, du plan de fermeture de GIAT Industries à Saint-Chamond. Bien sûr, en fixant seulement comme objectif à la manifestation une interpellation des élus locaux et une demande d'une table ronde départementale, les responsables syndicaux locaux ne préparent sans doute pas les travailleurs, les chômeurs, les retraités à la lutte d'ensemble nécessaire si l'on veut vraiment mettre un coup d'arrêt aux licenciements. Mais le fait que les travailleurs aient répondu présents pour cette manifestation commune à deux villes est un signe de l'ampleur du mécontentement.