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La Poste en Charente : Un rouleau compresseur sur les services
Dans cette région Poitou-Charentes qui est le fief de Raffarin, le département de la Charente -excès d'honneur ou d'indignité- a été classé "département pilote" de "la modernisation des services postaux", en particulier dans les zones rurales.
Après une première tournée du préfet, ce sont le ministre de la Fonction publique, Jean-Paul Delevoye, et le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, qui, ensemble, ont parcouru jeudi 8 janvier la campagne charentaise pour prêcher ce qu'ils nomment la "modernisation des services publics" et les contrats "gagnant-gagnant", pas avares de... mots pour vanter la "Charente imaginative".
L'objectif de La Poste dans le département est de supprimer 35 bureaux de poste ruraux pas assez "actifs" et de leur substituer des "points-poste" qui s'ajouteront aux 150 déjà ouverts dans le pays: pour environ 150 euros par mois, le buraliste, le cafetier, le garagiste, le cafetier-pompiste-dépôt de pain (comme à Déviat) prennent les lettres ou les colis, opèrent des retraits de petites sommes sur un compte postal (tant pis pour l'absence de confidentialité!) Concernant des opérations postales plus importantes, l'usager doit se déplacer jusqu'à un vrai bureau postal, bien plus éloigné.
Du coup, c'est l'emploi d'un postier qui disparaît sur place.
Dans le même temps, des guichets de proximité voient leurs horaires réduits, plusieurs communes sont "invitées" à prendre en charge le salaire de l'employée de l'agence postale, sous peine de disparition de celle-ci -ce qui vient d'être mis en place aussi dans l'un des quartiers d'Angoulême.
La structure battant son plein, les "bureaux distributeurs" ruraux -des centres de tri locaux- sont regroupés et réduits pour passer de 46 à 25, devenant des "centres de distribution courrier" (CDIS).
Cette politique est dénoncée par les syndicats et appliquée en dépit de la colère des villages et de leurs maires. L'un d'eux affirmait aux personnalités qu' "il n'avait pas besoin de compliments mais de moyens". Un autre dénonce une politique du "rouleau compresseur". Un autre ironise avec dépit: "Serait-on en train de revenir à l'époque reculée où le barbier effectuait des saignées et où le maréchal-ferrant arrachait les dents?" D'ailleurs, ce jeudi 9 janvier, le président de La Poste a été fortement chahuté lors d'une assemblée de 300 élus et n'a pas pu terminer son discours.
Bien des communes rurales ont déjà depuis longtemps perdu leur gare, leur perception, et maintenant c'est leur service postal qui est dans le collimateur. L'Education nationale institue des "réseaux d'école" qui ont pour but d'anéantir l'idée qu'à une commune correspond une école. La recherche forcenée de la rentabilité fait disparaître des emplois et des services indispensables, là où il faudrait, bien au contraire, les maintenir pour éviter la désertification de zones où sévit le manque d'emplois. Là où il ne reste plus que des vieillards, ou bien seulement une population déshéritée et clairsemée, des pharmacies ne trouvent pas de repreneur; des médecins de campagne doivent retarder leur départ à la retraite, faute de remplaçants plus jeunes.
Et on comprend l'inquiétude et la colère de cet élu qui s'élève contre la disparition du bureau de poste de sa commune en affirmant: "Ce serait mettre le doigt dans l'engrenage: on commence par perdre un petit bout et, un jour, on n'a plus rien."