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Leur société
Elections Régionales - Le PS en campagne : La démagogie électorale...
Le Parti Socialiste vient de lancer sa campagne pour les élections régionales de mars prochain, lors d'un meeting à la Mutualité, le 25 janvier. Les dirigeants socialistes y sont allés de leur couplet anti-Chirac et anti-Raffarin. Mais frappés d'amnésie, ils ont oublié d'évoquer que le Parti Socialiste avait largement préparé le terrain à la politique antiouvrière de la droite. Pour s'en convaincre, il suffit de lire la brochure que le PS a éditée à l'occasion de ces élections: "Le gouvernement Chirac-Raffarin, 20 mois de recul".
Le Parti Socialiste critique le bilan du gouvernement Chirac-Raffarin et fait état de la régression sociale en marche, écrivant que "la politique de la droite relève directement d'une inspiration conservatrice, parfois franchement réactionnaire, en tout cas délibérément orientée vers les catégories sociales les plus favorisées. Son action creuse les inégalités, divise le monde du travail." Autant de critiques fondées. Mais l'indignation des dirigeants socialistes sonne faux lorsqu'ils évoquent le "triste bilan" du gouvernement Chirac-Raffarin en matière d'emploi, vantant en contrepoint les mérites de leur action au gouvernement, écrivant même que leurs successeurs de droite avaient "hérité d'un bilan honorable, 15% de croissance en cinq ans, 2 100000 emplois créés sur la même période, (...) baisse du taux de chômage de 3,6 points".
Il faut avoir une belle dose de cynisme pour écrire que "la France perd des emplois depuis un an" et de mépris vis-à-vis des classes laborieuses pour prétendre cela. Comme si "le regain du chômage", "la politique d'austérité", "la régression sociale" que dénoncent aujourd'hui les dirigeants socialistes était l'apanage du seul gouvernement Chirac-Raffarin. Les couches populaires subissent de plein fouet les attaques patronales depuis plus de vingt ans. Elles connaissent des salaires de plus en plus bas, des conditions de travail dégradées, quand ce n'est pas le chômage et la misère.
Chirac et Raffarin roulent ouvertement pour le Medef -ils ne s'en cachent même pas d'ailleurs-, et cela ne fait aucun doute pour personne. Mais pendant cinq ans, les dirigeants socialistes ont fait de même. Ils se sont montrés veules et lâches vis-à-vis du patronat et sans pitié pour les travailleurs. Et ce n'est pas une cure d'opposition de vingt mois qui suffira à les faire passer pour les champions du monde du travail.
Tout le monde se souvient encore comment le gouvernement Jospin a laissé licencier les travailleurs de Renault Vilvorde, de Michelin, de Moulinex, de Celatex ou de Lu-Danone sans bouger le petit doigt. Sous ce gouvernement, les entreprises ont multiplié les plans de suppressions d'emplois, plongeant des centaines de milliers de salariés dans le désespoir, plans de licenciements qui se succèdent encore aujourd'hui.
Dans le domaine de l'éducation, c'est la même démagogie. Le Parti Socialiste critique la politique de Luc Ferry, l'actuel ministre de l'Éducation nationale, qui en effet licencie des surveillants et des emplois-jeunes. Mais pas un mot à propos de la réforme des retraites contestée au printemps dernier. Il faut dire que les notables socialistes ne sont pas beaucoup apparus alors aux côtés des manifestants et des grévistes. Et pour cause! Ils sont à l'origine de cette réforme étudiée par Rocard, la droite l'ayant ensuite imposée dans le privé et dans le public. Même constat dans le domaine du logement social, où les dirigeants socialistes déplorent l'insuffisance des mesures de la droite pour "casser les ghettos", d'autant que "la pénurie des logements sociaux s'aggrave et que les habitants des quartiers populaires sont les premières victimes de l'aggravation des inégalités (ASS, RMA)". Qu'en termes choisis ces choses-là sont dites! Mais qu'a fait le Parti Socialiste lorsqu'il était au pouvoir, pour réduire ces inégalités?
Dans sa brochure, tout en critiquant la politique de la droite, le Parti Socialiste ne s'engage sur rien. Il reste dans le flou le plus total mais se place d'emblée dans une logique gouvernementale, ne proposant en fait aucune solution pour sortir le monde du travail de l'ornière. A la veille des élections, les dirigeants socialistes pensent sans doute que la politique franchement réactionnaire et antiouvrière du gouvernement Raffarin est par elle-même assez odieuse pour amener les travailleurs et les couches populaires en général à voter de nouveau pour le PS sans que celui-ci ait besoin de s'engager clairement sur ce qu'il fera au gouvernement.