Contrôler les finances des grandes sociétés et des banques29/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1852.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Contrôler les finances des grandes sociétés et des banques

Aventis et Sanofi sont deux trusts importants qui, avec quelques autres, contrôlent la majorité de la production des médicaments dans le monde. Aventis arrive en septième position, après Pfizer, GSK, Merck and Co, Johnson & Johnson; Sanofi est à la quatorzième place dans un marché dominé par quelques trusts seulement, dont le principal domaine concerne la santé de la population mondiale.

Cela suffit à montrer combien l'enjeu de leur fusion est colossal et cela vient souligner que des décisions dont dépend la santé de la population mondiale sont laissées entre les mains de quelques hommes dans des conseils d'administration préoccupés uniquement de leurs avoirs et des fluctuations de leurs comptes en banque.

Cela met également en lumière la nécessité sociale, vitale, qu'il y aurait pour la population de contrôler l'économie, afin qu'il ne soit plus possible qu'une poignée d'individus dirigent et décident pour des millions d'autres.

Les travailleurs, et en fait toute la population, devraient avoir un droit de regard sur les comptes des trusts. Il faudrait qu'ils sachent, en l'occurrence, la part qui revient à la Sécurité sociale, puisque celle-ci offre un énorme budget à l'industrie pharmaceutique; qu'ils connaissent la part investie dans la production, la part des profits réalisés. Ceux qui travaillent à la fabrication des médicaments comme ceux qui les consomment devraient pouvoir contrôler l'argent engrangé par les trusts et vérifier qu'il ne s'est pas réfugié dans quelque paradis fiscal... aux îles Caïman par exemple, et de là, dilapidé dans quelque opération douteuse. L'hypothèse n'est pas gratuite; c'est vers cette destination paradisiaque pour les capitaux que les producteurs et les consommateurs du lait Parmalat ont découvert que s'était enfui leur argent...

Il faudrait, pour cela, que les travailleurs puissent accéder aux comptes. Non aux comptes destinés à la publication légale, qu'on connaît et dont on ne peut savoir à quoi ils correspondent vraiment. Quelle fiabilité prêter en effet à une comptabilité passée entre les griffes de cabinets de comptabilité et de commissaires aux comptes qui peuvent arranger les chiffres selon les directives de ceux qui les paient? Une transparence réelle des comptes impliquerait que puissent y avoir accès toutes les organisations représentant la population et les travailleurs des entreprises dans lesquelles sont fabriqués les médicaments; ceux-ci sont bien placés pour savoir dans quelles conditions se sont faites les recherches, quels ont été leurs coûts, pourquoi la production de tel médicament a été abandonnée ou s'il est vendu à un prix exorbitant. Une réelle transparence impliquerait aussi la participation des travailleurs des services comptables des entreprises et des banques, car ils ont le moyen de contrôler les flux financiers et de savoir en quoi ceux-ci ont pu interférer sur les tarifs et sur les coûts.

Pour qu'un tel contrôle puisse avoir lieu, pour qu'il y ait une réelle transparence des comptes des entreprises, et de l'État, il faut mettre fin au secret commercial et bancaire. On ne peut pas compter sur ceux qui sont aujourd'hui à la tête des entreprises, des conseils d'administration et de l'ensemble de la société, parce que, à l'image des directeurs d'Aventis, leurs choix ne se font qu'en fonction des profits et non en fonction des besoins réels de la population.

Ceux-là, comme les politiciens à leur service, jouent sur l'opacité des comptes pour décréter la fermeture de telle entreprise un jour ou pour déclarer la Sécurité sociale en faillite. Quant à leurs subordonnés, experts-comptables ou experts en tout genre, prêts à couvrir les manigances, on ne peut pas davantage leur faire confiance!

Seul le monde du travail, parce qu'il se trouve à la base de toute l'économie, aurait les moyens d'imposer un tel contrôle. Et ce serait nécessaire et vital pour toute la société!

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