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Leur société
Taxe professionnelle en moins... fardeau supplémentaire pour la population
Chirac a annoncé qu'il exonérerait pendant dix-huit mois les entreprises de taxe professionnelle sur leurs investissements, laissant entendre qu'il envisagerait la suppression pure et simple de cet impôt. Le cadeau est royal pour le patronat.
Pour remplacer cet impôt qui assure le financement du fonctionnement des communes, l'État prendra, dit-il, sur son budget. Cela se fera donc au détriment des services publics, comme l'Éducation nationale. À moins qu'une partie de la taxe professionnelle ne soit plus compensée par l'État aux communes, ce qui est loin d'être impossible. Un député de la majorité gouvernementale l'a d'ailleurs reconnu: «Ce sont plus de 500 millions d'euros qui disparaîtront des budgets locaux et qui devront être compensés par une nouvelle hausse des impôts locaux pesant sur les familles.»
Déjà depuis plusieurs années, la taxe d'habitation augmente, alors que la taxe professionnelle payée par le patronat diminue. En juillet 1998 Strauss-Kahn, ministre des Finances de Jospin, avait décidé, déjà, que progressivement les patrons n'auraient plus à payer la partie de la taxe professionnelle calculée en fonction de la masse salariale de l'entreprise, qui représente 35% de la base de cet impôt. Le Medef avait alors applaudi le ministre des Finances «socialiste».
D'année en année, le cadeau fait au patronat est monté en puissance, jusqu'à atteindre son plein régime à partir de 2003.
Comment faire plus fort, alors que le gouvernement socialiste avait déjà tant fait? Le Medef, que rien n'arrête, a donc réclamé la suppression pure et simple de cette taxe professionnelle, un voeu auquel Chirac ne pouvait pas rester insensible.
Aujourd'hui, le Medef se réjouit une nouvelle fois. «C'est une mesure qui était nécessaire. Elle est prise. Nous en sommes satisfaits au nom de la croissance et de l'emploi», a déclaré son dirigeant, Seillière. Chirac, en écho, présente le gel puis la future suppression de la taxe professionnelle comme une mesure qui, en favorisant l'investissement, réduira le chômage. À voir!
Car, quand bien même les patrons se décideraient à «investir», leurs placements consistent le plus souvent en des rachats d'entreprises existantes et, chaque fois qu'une telle opération se réalise, cela aboutit plutôt à supprimer des emplois, afin d'accroître la rentabilité, qu'à en créer.
La réduction d'impôts patronaux annoncée aboutira à ce que les actionnaires empochent davantage, tandis que des travailleurs continueront à être licenciés. Une logique imbécile qu'il faut briser, en interdisant les licenciements et en prélevant sur le bénéfice des entreprises ce qui est nécessaire au fonctionnement d'activités publiques.