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Leur société
Saint-Denis (93) : Les sans-papiers occupent une école
Les sans-papiers ont décidé d'occuper deux jours, le lundi et le mardi 29 et 30 décembre, l'école primaire Jules-Guesde à Saint-Denis pour alerter les autorités sur la situation de ces centaines d'enfants scolarisés dont les parents n'ont pas de papiers et qui, comme leurs parents, vivent dans l'insécurité.
L'action était en partie aussi une réponse au préfet de Seine-Saint-Denis qui, interpellé récemment sur la question des enfants scolarisés de sans-papiers, avait menacé: "Si vous continuez à parler de la situation des enfants scolarisés, vous allez arriver à ce que le droit à la scolarité soit suspendu pour ces enfants"! Menace vaine, car les sans-papiers savent bien que ce n'est pas en se taisant, ni en se cachant, qu'ils ont obtenu des régularisations ces dernières années. C'est en se montrant au grand jour, pour faire valoir leurs droits, qu'ils ont réussi à obtenir quelques aménagements de la loi.
Mais ces derniers mois, l'inquiétude grandit. Le gouvernement multiplie les menaces et les mesures restrictives, affirmant par exemple qu'il va doubler les reconduites à la frontière. Il renforce les conditions d'entrée des familles qui veulent bénéficier du regroupement familial, prive des sans-papiers de l'aide médicale d'État. Parallèlement les préfectures se montrent aussi plus exigeantes. Elles multiplient les refus, y compris pour ceux qui entrent dans le cadre de la loi des dix ans de présence en France, réclamant de plus en plus de "preuves probantes". Un certificat médical, un séjour à l'hôpital et même une déclaration d'impôts ne sont pas forcément considérés comme des preuves de présence sur le territoire. Seuls le sont des documents qu'un sans-papier ne peut pas toujours fournir: les feuilles de paie, ou les loyers.
En fait, l'ensemble de ces mesures restrictives visent à décourager les sans-papiers de demander une régularisation. Les autorités voudraient les faire rentrer dans la clandestinité. C'est le sens de toute leur politique.
Les sans-papiers de Saint-Denis, en menant cette action, montrent leur volonté de pouvoir vivre librement, au grand jour, dignement.