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Dans les entreprises
Renault Cléon (76) : Vraies subventions pour de fausses créations d'emplois
À Renault Cléon, sous prétexte qu'un futur nouveau moteur devrait remplacer progressivement des moteurs de génération plus ancienne fabriqués actuellement dans l'usine, la direction réclame des subventions pour, prétend-elle, plusieurs centaines de créations d'emplois, nécessaires à la production de ce nouveau moteur.
Mais, comme elle le reconnaît elle-même de façon interne, aucun emploi supplémentaire ne sera créé, puisque la montée en puissance de la nouvelle production s'accompagnera d'une baisse parallèle des productions actuelles. Il n'y aura donc que des transferts de postes à l'intérieur de l'usine.
Cela n'empêche pas Renault de réclamer haut et fort des subventions publiques pour 450 créations d'emplois dans un premier temps, puis 450 autres d'ici 2006. De la Communauté d'Agglomération d'Elbeuf au Fonds Européen pour le Développement Régional, en passant par le département de Seine-Maritime et la région Haute-Normandie, tout le monde mettrait la main à la poche pour un montant estimé à 9,53 millions d'euros (62,5 millions de francs)... pris dans la poche des contribuables.
Dans un courrier adressé à l'encadrement de l'usine, la direction se justifie: c'est légal, dit-elle en substance, et tout le monde le fait. Alors, pourquoi pas elle! D'autant qu'une usine espagnole du groupe a obtenu des subventions à hauteur de 19% des investissements pour deux nouvelles fabrications, un moteur et une boîte de vitesses. Quand on sait qu'à chaque fois ce sont des centaines de millions d'euros d'investissements, ces 19% sont loin d'être une aumône. Mais dans l'usine tout le monde est au courant que le "plan emploi 2004" ne prévoit même pas de compenser les départs, en préretraite notamment.
C'est donc tout en diminuant le nombre d'emplois stables, et en continuant à recourir de façon importante au travail précaire, que Renault réclame presque 10 millions d'euros au titre de créations d'emplois. Ce sont les finances publiques, inexistantes lorsqu'il s'agit de créer ou maintenir des emplois publics indispensables, qui serviront à subventionner un patron privé qui revendique un bénéfice net de 1,177 milliard d'euros rien que pour le premier semestre 2003, en hausse de près de 32%.
C'est une chose que Renault mente pour obtenir des subventions publiques. Mais le comble est que la majorité de gauche du Conseil régional ait voté pour. Les deux élus de Lutte Ouvrière, eux, ont évidemment voté contre.