Légion d'honneur : Un représentant du capital08/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1849.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Légion d'honneur : Un représentant du capital

Jean-Charles Naouri vient de recevoir la légion d'honneur. Entre autres choses il s'est fait connaître en se taillant la 25e plus grande fortune du pays en pillant l'argent public et en faisant perdre leur gagne-pain à des milliers de travailleurs, dont ceux de Moulinex. Il est aujourd'hui propriétaire, entre autres, des magasins Casino, Rallye et Go Sport.

Au milieu des années 1980, Naouri fut un grand commis de l'État. Bérégovoy, le Premier ministre socialiste, en fit son directeur de cabinet, d'abord aux Affaires sociales puis aux Finances. C'était l'époque où la gauche n'avait pas de mots assez élogieux pour vanter les marchés financiers. Après l'alternance de 1986 et l'arrivée de Balladur au ministère des Finances, Naouri quitta les services de l'État pour un nid doré à la banque Rothschild, le temps de créer sa propre société d'investissement Euris. Sa mise de fonds était minime mais ses relations, au gré des dîners en ville et des virées sur la Côte, abondantes. Ainsi se retrouva-t-il associé à Hazan, le financier de l'émir du Qatar, à Marciano, un entrepreneur marocain très en cour chez le roi du Maroc Hassan II, ou encore au patron de presse britannique Robert Maxwell, actionnaire de TF1 au début de sa privatisation par Mitterrand et escroc de haut vol qui a renfloué sa trésorerie en pillant la caisse de retraite de ses salariés anglais.

Au début des années 1990, Naouri trouva encore mieux auprès du Crédit Lyonnais dont les largesses allaient amplement lui profiter, comme à bien d'autres affairistes. Naouri en tira un pactole de 38 millions d'euros. Il se paya alors Rallye, Casino dont il préside le conseil d'administration depuis 1994, année où il est devenu le principal actionnaire de Moulinex. Pas plutôt installé à la tête de l'usine produisant de l'électroménager, un plan de 2600 suppressions d'emplois sur trois ans fut mis en place. En 1998, un nouveau plan dit social a été mis en oeuvre et Naouri, lui, s'est retiré du capital en empochant une plus-value de 320 millions de francs. Trois ans plus tard, le dépôt de bilan du groupe était prononcé, et se traduisait par le licenciement de plus de trois mille salariés. Ce fut une catastrophe pour les salariés et du même coup pour la région de Basse-Normandie, où se trouvaient les quatre usines qui ont fermé et des dizaines d'entreprises sous-traitantes qui ont supprimé des emplois.

Bref l'État, en rendant les "honneurs" à ce prédateur, salue un de ses représentants.

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