Huntsman et Formica - Quillan (Aude) : 190 emplois supprimés08/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1849.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Huntsman et Formica - Quillan (Aude) : 190 emplois supprimés

À Quillan, petite ville de 3500 habitants située à 50 km au sud de Carcassonne, les deux premières usines de la ville, Hunstman et Formica, viennent d'annoncer leur fermeture définitive, laissant 190 travailleurs sur le carreau. Dans une région déjà sinistrée par la fermeture des chaussures Myrys à Limoux et de diverses entreprises de scierie et de chapellerie, il s'agit d'une véritable catastrophe.

La première annonce est tombée le 13 novembre à l'usine de résines Huntsman, 41 salariés. Ce groupe américain a décidé de transférer la production en Allemagne et en Chine et de fermer son usine de Quillan en juin 2004, ainsi que deux autres usines en Angleterre et aux États-Unis.

La nouvelle a d'autant plus surpris que cette usine ne perd pas d'argent et que l'ancien propriétaire, Vantico, qui prévoyait de la développer, avait investi dans plusieurs machines flambant neuves, dont certaines venaient tout juste d'arriver. Dès l'annonce, les travailleurs de l'usine ont fait près de deux semaines de grève en signe de protestation. Ils ont repris le travail, en ayant obtenu le paiement intégral des jours de grève.

Peu après, le 5 décembre, le couperet s'est aussi abattu sur la principale des deux usines Formica, qui compte 149 salariés et fabrique les célèbres stratifiés pour l'ameublement. Après avoir racheté certains concurrents, Formica a décidé de réorganiser sa production sous prétexte de difficultés financières et de transférer toute la production de Quillan sur d'autres sites européens. La fermeture est prévue pour mars 2004.

Chez Formica, sur 149 personnes, 18 partiraient dans le cadre de préretraites. Pour les 131 autres, le groupe ne propose que 36 reclassements... dont seulement un à l'usine Tôles de Quillan et six au siège. Resteraient... la Finlande (3 postes), la Grande-Bretagne (8 ou 9), l'Espagne (7 à Bilbao et 9 à Valence) et même les États-Unis (1)! Le profil des postes n'étant pas précisé, on ne sait même pas s'il correspond à celui des personnels de Quillan.

Chez Huntsman, les possibilités de reclassement sont évasives: la direction "s'engage à prendre formellement contact avec les différents sites (...) en France pour examiner toute possibilité de postes qui pourraient éventuellement être ouverts", à Calais ou à Saint-Mihiel (Meuse). C'est à se demander si le groupe est au courant que l'usine Huntsman Tioxide à Calais ne cesse de voir ses effectifs diminuer depuis des années...

Dans ce groupe aussi, des reclassements vers les autres pays d'Europe sont envisagés, tout en restant dans le flou à propos de leur nombre et de leur nature. Pour couronner le tout, les travailleurs d'Hunstman ont eu la surprise de recevoir de leur direction une carte de voeux leur souhaitant "chance et bonheur pour 2004". Sur cette carte, la prospère famille Hunstman se présente au grand complet, jusqu'au dernier-né! Dans l'entreprise de Quillan, certains se disent qu'ils feraient bien une photo collective du personnel de Quillan (sans le directeur!) pour l'envoyer à Huntsman et lui montrer la tête de ceux qu'il va condamner à la misère et au chômage.

Le mercredi 17 décembre, une manifestation a réuni environ 1700 personnes. À part le magasin Champion, tous les commerçants avaient baissé leur rideau, même la supérette Ed. Les travailleurs des deux usines avaient prévu d'organiser des actions d'information de la population pendant les fêtes de fin d'année, en attendant une nouvelle manifestation en janvier dans les rues de Carcassonne.

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