Les riches et le fisc : Comment ne pas payer18/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1846.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les riches et le fisc : Comment ne pas payer

Face aux impôts, la question pour beaucoup est: comment payer? Pour les bourgeois, c'est plutôt: comment ne pas payer? Les plus gros, grâce à leurs entreprises, à leurs banques, à leurs exportations, à leurs acquisitions à l'étranger, y arrivent sans difficultés. On l'a bien vu avec Pinault, qui expliquait en gros qu'il n'y a que les imbéciles qui paient des impôts.

Mais même lorsqu'on est obligé de déclarer un revenu imposable conséquent, point n'est besoin de se domicilier en Suisse, en Angleterre ou dans un paradis fiscal exotique pour réduire ou annuler ce qu'on devrait au fisc. Il suffit aux riches d'investir dans un domaine qui permet de soustraire leurs investissements de leur revenu déclaré, ou même carrément de leur impôt. Ils n'ont que l'embarras du choix: la loi française n'offre pas moins de 418 mesures différentes offrant cet avantage.

Elle est longue, la liste des moyens par lesquels les riches échappent tout à fait légalement à l'impôt. Et l'actuel gouvernement ne cesse de l'allonger, en créant de nouveaux dispositifs ou en améliorant les dispositifs existants. Il y a le financement de productions cinématographiques ou audiovisuelles, toutes sortes d'achats immobiliers, en particulier en outre-mer (la fameuse loi Pons, récemment améliorée par l'actuelle secrétaire d'État Girardin), les logements destinés à la location (loi Robien) ou dans les bâtiments anciens à rénover (loi Malraux), l'achat de parts dans des groupements forestiers, dans des fonds de placements pour l'innovation, dans la pêche artisanale, etc.

La liste complète a été dressée par le Conseil des impôts, qui évalue à 50 milliards d'euros le manque à gagner pour le budget de l'État. 50 milliards, cela équivaut aux recettes de l'impôt sur le revenu (53 milliards en 2003). Ce n'est pas si loin des 68 milliards du premier poste des dépenses de l'État, celui de l'Education, de la recherche et du développement.

La fin de l'année approche et il paraît que les amateurs de placements "défiscalisants" se précipitent à la recherche de la bonne "niche fiscale". On se demande pourquoi Chirac et Raffarin veulent à tout prix baisser le barème de l'impôt sur le revenu de ces gens-là: ils ont déjà les moyens d'y échapper.

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