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Leur société
Arles : La solidarité façon patronale
L'eau descend dans la zone nord d'Arles, inondée depuis le mardi 2 décembre. Mais il reste des poches d'eau encore profondes de 80 cm à 1 m. La cité du Trébon en est maintenant sortie, mais les caves sont encore inondées, il y a encore des poches d'eau dans la cité de Montplaisir. Par endroits, les jardins des maisonnettes sont toujours sous un mètre d'eau et les occupants vivent dans le grenier. Des murs imbibés d'eau dégoulinent en abondance.
Beaucoup de biens sont perdus, maisons, mobilier, voitures, ainsi que les papiers, chéquiers, etc. Partout on voit des voitures en travers des rues attendant l'expertise. Il y a beaucoup de travail à faire pour tout remettre en état. Des équipes d'employés de la communauté urbaine "Marseille Provence Métropole" sont allés nettoyer les écoles qui n'ont pas encore repris.
Ceux qui avaient dû évacuer la zone essaient d'y revenir dès qu'ils le peuvent, mais il reste encore du monde dans les gymnases et chez des amis ou dans la famille. De grandes incertitudes demeurent car tout n'a pas été visité. Des pompiers d'Arles découvraient ces jours-ci des petites maisons dans le quartier inondé des Moines dont ils ignoraient le chemin d'accès. Des maisons sont vides. Tous les habitants sont loin d'avoir été recensés.
Le canal du Vigueirat, qui entoure la zone et dans lequel les pompes ont déversé l'eau, est plein à ras bord. Il a lâché dans certains petits secteurs et de l'eau suinte par endroits de ses digues. On peut craindre que des secteurs hors d'eau soient à nouveau inondés.
Des sinistrés reçoivent en ce moment les 10% de pénalités pour non-paiement des impôts dans les délais. Pour le report des impôts, l'étalement du paiement des primes d'assurance, les demandes d'aide, toutes les démarches doivent être effectuées individuellement.
Les patrons de la zone industrielle ne se décident à payer que lorsqu'ils y sont contraints ou quand ils savent qu'ils toucheront de très fortes indemnités, même quand il s'agit de filiales de très grands groupes industriels ou commerciaux. Et ils rognent volontiers sur tel ou tel avantage.
Le patron des Constructions Métalliques de Préfabrication est un de ceux qui ont d'emblée dit qu'ils paieraient les salaires. Il s'est engagé à compléter la somme qui sera versée par l'Unedic et l'État durant la période où les salariés n'ont pas travaillé, où ils remettent en état chez eux. Pour l'équipe de nettoyage, le salaire sera pris en charge par l'assureur de l'entreprise. Il s'est engagé aussi à ne faire aucune pression pour que les sinistrés reviennent rapidement au travail durant un mois.
Mais il retarde le versement de la prime d'intéressement, qui dépend du bénéfice estimé de l'année 2003. Or cette prime de 450 euros est d'autant plus nécessaire que bon nombre de salariés ont perdu beaucoup de biens indispensables au cours de l'inondation.
Sur les 72 personnes qui travaillent dans cette entreprise, une trentaine, demeurant à Arles ou alentour, ont pu venir à l'usine dont ils ont entrepris le nettoyage. Ce sont ceux qui ne sont pas accablés de problèmes, en train de nettoyer chez eux.
Tout le monde était content de se retrouver dans le petit matin froid et humide, content d'avoir des nouvelles des uns et des autres et de savoir que la paie était assurée. Nombre d'entre eux avaient passé les derniers jours à intervenir pour aider les sinistrés, pour passer dans les rues avec leurs barques à fond plat de chasseurs. Chacun avait envie de se mettre au travail pour nettoyer et faire redémarrer l'entreprise. Le travail n'a pu se faire que du lever au coucher du soleil. Les électriciens ont pu sécher et ré-enclancher les bureaux d'abord, puis certains secteurs d'atelier.
Une partie de la production devrait démarrer dès mercredi 17, même si les dégâts sont importants. Et tout le monde est bien décidé a obtenir la prime dès que possible.
Mais la reprise de contact avec l'entreprise a souvent été bien pire. Par exemple la direction du lycée privé Saint-Charles a annoncé aux employés que certes la paie serait maintenue pour la période entre le mardi de l'évacuation et le lundi 15 septembre, mais que la prime de fin d'année de 75 euros environ, le repas de fin d'année et la distribution des jouets de Noël aux enfants des employés seraient supprimés. Les sommes ainsi récupérées serait versées aux parents d'élèves sinistrés. C'est ainsi que ce collège pratique la solidarité, avec l'argent d'autrui.
Le patron de Renault, devant la fermeté des délégués, a fini par garantir le paiement des salaires. Mais s'il n'était pas assez indemnisé, il serait redevable de cet argent au personnel et lui verserait les sommes dues de façon étalée. Comme si le groupe Renault ne pouvait pas payer les salaires immédiatement!
Pour réclamer le paiement intégral des rémunérations, salaires et primes pour tous les salariés de la ZI Nord, l'Union locale CGT d'Arles appelait à une manifestation mardi 16 décembre.