À l'école maternelle du passage Bullourde, rue Keller, dans le XIe arrondissement de Paris, l'équipe éducative a déjà vu arriver le matin des enfants ayant passé la nuit dehors suite à une expulsion!

Aussi, chaque matin, ils vivent dans la crainte que ce drame ne se renouvelle.

Dans ce quartier populaire de nombreuses familles d'origine africaine, en attente ou trop pauvres pour accéder aux HLM, s'entassent dans de misérables hôtels des rues Sedaine, Keller, Saint-Sébastien, Popincourt, etc.

Des familles nombreuses, avec des papiers en règle, suite à des ruptures familiales, des périodes de chômage ou de travail très précaire, n'arrivant plus à payer leurs loyers, sont aussi placées provisoirement par les centres d'action sociale (CAS) de Paris dans ces hôtels, faute de places en centres d'hébergements d'urgence.

Le centre d'action sociale du XIe arrondissement paye leurs loyers un ou quelques mois, de 1000 à 1500 euros la chambre. Mais si la situation dure, les loyers ne sont plus payés et les familles sont expulsées brutalement par les marchands de sommeil, pour laisser la place aux suivants!

Alors, les solutions pour ces familles, pour ne pas être SDF, consistent soit à se loger chez des amis, soit à rejoindre l'un des 800 squats recensés dans la «ville lumière» où déjà environ 10000 personnes sont réfugiées, soit à trouver une pièce dans un autre hôtel, d'un autre arrondissement, où un autre CAS d'arrondissement assurera quelques nouveaux mois de loyer. Au moins des centaines de familles avec petits enfants tournent ainsi dans ces hôtels parisiens souvent insalubres et présentant des dangers de saturnisme. En plus, les enfants ne peuvent pas suivre une scolarité continue.

Actuellement, 20 enfants sur les 200 de l'école Bullourde sont dans cette situation précaire, et le pourcentage est le même dans les autres écoles maternelles et élémentaires du quartier, tout comme dans plusieurs autres quartiers de Paris.

L'équipe éducative et les parents élus de cette école, révoltés devant tant de misère, ont multiplié les démarches et alertes vers la mairie du XIe, la Mairie de Paris et tous les services sociaux possibles. Souvent on leur a répondu de ne s'occuper que de leurs affaires: l'enseignement! Mais ils restent mobilisés pour essayer de protéger les enfants.

Par la faute des gouvernements successifs, il n'y a pas assez de logements à bas prix, pas assez de centres d'hébergement d'urgence. Tous les responsables politiques l'admettent mais, par respect pour la sacro-sainte propriété privée, il n'est toujours pas question pour eux de réquisitionner des logements vides, pour éviter des drames face au froid. Alors que rien qu'à Paris il y a 136000 logements vides en permanence, sans même parler des immeubles de bureaux vides qui pourraient être reconvertis!