Affaire Executive Life – Pinault : Aux requins de la finance de payer !03/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1844.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Executive Life – Pinault : Aux requins de la finance de payer !

Finalement, les pourparlers entre les autorités américaines et françaises au sujet de l'affaire Executive Life n'ont pas trouvé de conclusions à la date butoir du mardi 25 novembre. Côté français, on en est à préparer des arguments contre la procédure suivie par les autorités américaines, comme si on se préparait déjà au procès qui pourrait suivre si aucune solution n'est trouvée dans la coulisse des négociations.

Les autorités américaines réclament de l'État français une somme de 475 millions de dollars (environ trois milliards de francs) pour mettre un terme aux poursuites engagées contre le Crédit Lyonnais qui a acheté frauduleusement une société d'assurances, au mépris des lois américaines, sous peine de ne plus pouvoir exercer son métier de prédateur sur le marché américain. Le Crédit Lyonnais devrait de son côté sortir 100 millions de dollars.

L'affaire a connu un rebondissement quand les autorités françaises ont appris que la somme demandée ne lavait pas les poursuites qui pourraient s'engager contre le PDG Pinault, impliqué dans cette affaire. Dans la mesure où il est un ami proche du président français, les autorités françaises étaient donc en quête d'un accord, pour sortir de l'eau la banque privée et l'ami de Chirac. C'est le montant de l'amende demandée à Pinault qui semble faire débat: environ 250 millions de dollars.

Si on en restait là, le total atteindrait quelque 825 millions de dollars (soit plus de 5 milliards de francs). Une somme que, d'une façon ou d'une autre, les dirigeants français ont l'intention de faire payer à toute la collectivité. Et tout cela parce que des financiers, en quête d'un bon coup, ont triché et se sont fait prendre la main dans le sac.

Selon la législation américaine en effet, une banque n'a pas le droit de racheter une compagnie d'assurances. Et d'autant moins s'il s'agit d'une banque étrangère et nationalisée. Pourtant en 1991-1992, le Crédit Lyonnais, alors banque nationalisée, a cherché à acheter, via une des ses filiales, Altus, la société d'assurances Executive Life, alors en faillite mais disposant d'un portefeuille financier apparemment prometteur pour les banquiers français.

Pour contourner la loi américaine, les responsables d'Altus mirent en place un «portage», c'est-à-dire des prête-noms qui rachetèrent Executive Life en lieu et place de la banque. Parmi ceux-ci on trouvait la Maaf, une mutuelle d'assurances, dont les dirigeants auraient aimé faire un peu plus que de la figuration, et d'autres qui ont attiré l'attention des autorités américaines anti-fraudes, tant ils semblaient éloignés de ce type d'affaires.

Une fois l'acquisition faite, les banquiers français ont cherché à séparer le portefeuille financier des activités d'assurances. Mais là encore, il y avait un obstacle juridique empêchant le Crédit Lyonnais d'apparaître publiquement (il ne pouvait pas en posséder plus de 5%). Ils ont donc récidivé et, via des prête-noms, ont pris le contrôle de 70% des actions.

Les contrôleurs américains ont débusqué le lièvre et le Crédit Lyonnais s'est lancé dans une série de mensonges qui se sont ensuite retournés contre lui. En 1992, pour se tirer de ce mauvais pas, les dirigeants du Crédit Lyonnais ont pensé à Pinault, présenté comme un tiers mais connu pour avoir été constamment soutenu par le Crédit Lyonnais, sans qui il n'aurait jamais pu bâtir sa fortune personnelle. C'est ainsi que l'«ami de Chirac» s'est retrouvé mouillé à son tour.

Quant à la solution imaginée, payer l'amende exigée des autorités américaines, pourquoi faudrait-il que les contribuables français soient mis à contribution par le gouvernement Chirac-Raffarin? Pourquoi devraient-ils mettre la main à la poche pour sauver des prédateurs de l'économie capitaliste, qui ont la soif de profit pour seul guide? D'autant que les représentants du Crédit Lyonnais se vantaient ces jours-ci dans les médias d'avoir fait un bon coup avec Executive Life. Eh bien qu'ils en payent tous les faux frais!

Quant à Pinault, qui a déjà bâti sa fortune grâce aux coups de pouce d'une banque nationalisée, qu'il prenne sur sa fortune personnelle. Il lui suffirait de vendre quelques-unes des oeuvres d'art dont il se dit friand pour effacer une ardoise qu'il s'est faite lui-même en s'embarquant dans cette galère.

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