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- Lutte ouvrière n°1843
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Leur société
Refus de libération de Nathalie Ménigon : Papon et Ménigon, deux poids deux mesures
Le tribunal a rejeté la demande de libération de Nathalie Ménigon, incarcérée avec d'autres membres du groupe Action directe, depuis 1987, c'est-à-dire depuis seize ans.
Nathalie Ménigon souffre, entre autres, de problèmes cardio-vasculaires qui l'ont laissée partiellement hémiplégique. Elle se plaint d'être mal soignée ("Nous sommes purement et simplement dans un monde où les soins sont inscrits sur le papier par le médecin mais non appliqués", a-t-elle écrit) et en conséquence elle a demandé sa libération. Cela compte tenu d'une jurisprudence qui fut favorable à la libération de Maurice Papon dont l'état aurait été "incompatible avec la prison" et de la loi de mars 2002 (toujours prise dans le cadre de la libération de Papon) qui prévoit la suspension de peine de détenus trop malades pour supporter l'incarcération.
Seulement, la loi est vague et dépend en dernier ressort du pouvoir discrétionnaire de la justice; une justice qui a donc décidé de garder Nathalie Ménigon en prison.
Les membres du groupe Action directe avaient commis plusieurs attentats et deux assassinats, au nom de leur conception de la révolution, conception que nous réprouvons et qui n'a servi en rien la cause des exploités qu'ils prétendaient défendre. Mais ce n'est pas une raison pour les garder en prison éternellement et de ne pas les libérer quand leur état de santé est grave.
Maurice Papon a été libéré en septembre 2002. Personne ne saurait dire exactement de quoi il souffrait, en tout cas il est ressorti de prison sur ses deux jambes et apparemment en forme.
Papon avait été condamné pour complicité de crime contre l'humanité après avoir échappé à la justice durant des décennies. Il était responsable de l'envoi, au cours de la Seconde Guerre mondiale, de 1680 Juifs de Bordeaux au camp d'internement de Drancy, d'où ils ont été conduits à Auschwitz.
Par ailleurs, il était directement responsable, en tant que chef de la police parisienne, de l'assassinat légal, par les forces de l'ordre, de centaines d'Algériens qui protestaient pacifiquement lors de la manifestation du 17 octobre 1961. D'ailleurs, pour ce dernier crime, il n'a jamais été inquiété ni jugé.
Le sang que Papon a sur les mains -celui pour lequel il a été jugé et celui pour lequel on ne lui a jamais demandé de compte- est sans commune mesure avec celui des membres du groupe Action directe.
Et il y des bonnes âmes qui croient que la justice est impartiale.