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La grève à l'université de Rennes
Depuis le mercredi 5 novembre, les étudiants de l'université de Rennes II (lettre et sciences humaines) sont en grève. Réunis à l'initiative de l'Unef pour alerter contre les projets du gouvernement -projets qui, sous couvert d'une autonomie accrue des universités et d'une uniformisation dite LMD des diplômes européens, prépare des restrictions au détriment des étudiants et des personnels- un millier d'étudiants adoptaient ce jour-là le principe de la grève...
Sous leur impulsion, la grève s'est installée dans l'université, les cours étant supprimés, tandis que les assemblées générales, fortes d'une participation de plus en plus ample, ont voté massivement sa poursuite.
Manifestations en centre-ville, diffusions de tracts à la population, délégations auprès des autres campus universitaires de la ville, interventions dans les différents lycées: la participation des étudiants a été grandissante.
Trois semaines après le début de la grève, nous étions 3000 en AG lundi 17 et mercredi 19 novembre, 200 d'entre nous ne pouvant y assister faute de places. Et surtout la manifestation du jeudi 20 a été un succès, avec 6000 participants.
Nous avons envoyé des délégations vers les universités d'autres villes (Caen, Brest, Nantes) afin de leur faire part de notre détermination. La grève a essaimé dans ces trois villes. A l'échelle nationale, douze autres universités ont voté la grève.
Les revendications ont évolué. Bien des étudiants s'étaient mobilisés au départ contre la "dégradation" des diplômes et la suppression de leur cadre national. Mais les revendications sont devenues plus générales: Non à la casse du service public! Non à la privatisation des universités! Ce qui se traduit dans les manifestations, sur les nombreuses banderoles et dans les slogans: "L'école n'est pas une entreprise, l'éducation n'est pas une marchandise", "Medef, la fac ne sera pas ton fief" ou encore "Du fric pour les facs et les lycées, pas pour les flics ni pour l'armée".
Depuis trois semaines maintenant, l'université est un vrai lieu de débats ininterrompus. Discussions sur les modalités de la grève, sur ses raisons, sur les différents modes d'action et d'expression, mais aussi sur la politique du gouvernement. Les derniers mouvements pour s'opposer aux attaques gouvernementales et patronales contre la population laborieuse (le mouvement de mai-juin, la lutte des intermittents, la mobilisation contre la fermeture de STMicroelectronics) reviennent dans bien des échanges. La fac est devenue un forum où chacun peut défendre ses opinions et les confronter à celles des autres, dans un climat chaleureux. Nous avons rencontré des centaines de gens que nous n'aurions jamais connus autrement.
À la fin de la manifestation de jeudi dernier, des étudiants sont allés perturber une émission de Match TV (chaîne câblée de Paris Match) qui se tenait place de la Mairie, en scandant "Les intermittents avec nous!".
Lors d'une assemblée, un amphithéâtre de 3000 étudiants s'est levé pour applaudir les travailleurs de STMicroelectronics venus s'exprimer sur leur lutte contre les licenciements et manifester leur soutien au mouvement étudiant.
Après les déclarations du gouvernement durant le week-end du 22 novembre où Ferry recule, au moins en parole, sur son projet d'autonomie des universités en le repoussant à plus tard -les étudiants étaient désireux de se retrouver pour débattre de la suite à donner au mouvement.
La présidence de l'université ayant cru bon de fermer les amphithéâtres -sécurité oblige, dit-elle- ce n'est que mardi midi qu'a pu se tenir une véritable assemblée pour décider de l'avenir de la grève, en plein air, sur le parvis de la faculté. L'affluence à cette AG a cette fois encore dépassé les précédentes, bien au-delà des 3000 participants.
Après deux heures de débats passionnés, où presque tous les intervenants exprimaient leur opposition aux réformes qui restent en projet, le vote eut lieu sur la poursuite de la grève.
L'heure est donc à préparer le succès de la manifestation de jeudi 27 novembre. Et un appel a été lancé en vue de constituer une Coordination nationale des universités en grève, samedi 29 à Rennes.