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Dans les entreprises
Grève dans une clinique tourangelle : Sages-femmes réquisitionnées
Les sages-femmes de la clinique du Parc à Chambray-lès-Tours sont en grève depuis le mercredi 5 novembre, pour réclamer l'alignement de leurs salaires sur ceux du public. On apprend ainsi qu'il y a encore une différence de 18% en fin de carrière, soit 430 euros, et qu'elles sont 12 pour 3000 accouchements, alors qu'il y en a 50 pour 3500 au Centre Hospitalier Universitaire.
Dans un premier temps, le patron de la clinique a commencé par réclamer à la justice le droit de les réquisitionner pour un service minimum, «comme dans le public». Sa demande a été rejetée. Après, le patron de la clinique s'est payé le culot de demander à l'Agence régionale d'hospitalisation (l'ARH) de payer les augmentations de salaire revendiquées par les salariés! Utiliser l'argent public pour payer les salaires d'une entreprise privée, il ne manque pas d'air!
Les accouchements ont été alors suspendus par l'ARH et toutes les futures mamans ont été dirigées vers les autres établissements du département et surtout vers le CHU, qui a dû renforcer ses effectifs à coups de volontariat aux heures supplémentaires pour pouvoir assurer cet accroissement d'activité à la maternité.
Après une dizaine de jours de grève, le vendredi 14 novembre, le préfet a réquisitionné les sages-femmes pour raison de «salubrité publique» en utilisant la loi Sarkozy. Cette loi permet désormais au préfet, «lorsque l'atteinte au bon ordre, à la salubrité, à la tranquillité et à la sécurité publiques l'exige», de réquisitionner par arrêté motivé «tout bien et service», «requérir toute personne nécessaire au fonctionnement de ce service» jusqu'à ce que «l'atteinte à l'ordre public ait pris fin». Il s'agit donc d'un précédent, car il s'agit de réquisitionner du personnel privé pour un établissement privé et dont la mission n'a pas été reconnue d'utilité publique par le tribunal.
Les sages-femmes scandalisées, réquisitionnées jusqu'au 22 novembre, ont dû recommencer à travailler pour assurer «un service minimum». En attendant, elles espèrent bien obtenir satisfaction sur leurs revendications de salaire, car elles ont toujours mis en avant «la très bonne rentabilité de l'entreprise et ses beaux bénéfices». On a appris ainsi que les bénéfices ont doublé dans l'année.
Alors elles ont raison, il y a sûrement des solutions du côté des profits des actionnaires!