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Leur société
CFDT : Chérèque paie son soutien au plan Fillon
Le mécontentement de nombre de militants de la CFDT a amené non seulement à un désaveu de la politique confédérale mais à des départs importants de la confédération. Les positions prises par la direction de leur confédération, Chérèque signant des deux mains les propositions gouvernementales de démantèlement des retraites des salariés ou encore la remise en cause des droits des chômeurs de longue durée ou des garanties des intermittents du spectacle, n'ont pas fini de provoquer des réactions
A fil des congrès, certaines fédérations ou unions départementales CFDT se sont désaffiliées, dont celles des cheminots, du transport routier ou de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme, entre autres. D'autres départs sont annoncés. Selon la direction de la CFDT, ils seraient entre 6000 et 8000 adhérents sur un total de 900000. D'après les opposants, les départs avoisineraient 40000.
"À chaque fois que la CFDT a eu dans son histoire de vraies clarifications sur son orientation, elle s'est toujours renforcée. Ce sera encore le cas", a déclaré Chérèque. Il faut dire que la CFDT n'en est pas à la première "clarification" de ce genre qui l'a conduite à s'aligner sur la politique gouvernementale et patronale et du même coup à désorienter pour ne pas dire heurter les sentiments de ses militants, de nombre de ses syndiqués. Au début de l'année, quand le gouvernement en était encore à préparer son attaque contre les retraites, la CFDT signa la remise en cause du régime de retraite des salariés D'EDF, prenant plus nettement position que la CGT, prête pourtant elle aussi à prendre le stylo. Les salariés refusèrent, par voie de référendum cet accord, qui fut cependant entériné, grâce, entre autres, à la signature de la CFDT
Et puis, on se souvient de la politique de la direction de la CFDT en 1995, soutenant le plan Juppé, déjà à propos des retraites. Nicole Notat, la secrétaire de la CFDT de l'époque, était apparue comme un fidèle soutien de ce plan.
Des militants syndicaux qui s'étaient opposés à leur direction confédérale ont été mis à l'écart, quand ils ne furent pas carrément exclus. Ce fut le cas après des mouvements de grève parmi les infirmières et les postiers en 1988. Des responsables syndicaux mis à la porte avaient alors créé des syndicats SUD dans ces branches.
Mais aujourd'hui, c'est la confédération CFDT qui est sur la défensive. Et le désaveu qu'elle reçoit montre que, même si l'ampleur de la grève du printemps dernier n'a pas été suffisante pour que Fillon retire son plan, de nombreux militants ne se sentent pas satisfaits par les dirigeants de leur syndicat.
D'autres directions syndicales pensent tirer profit des remous et des difficultés de la CFDT. Et de fait, bon nombre de militants ou d'adhérents de celle-ci se retrouvent aujourd'hui dans ces syndicats, en particulier à la CGT et dans une moindre mesure à SUD ou à la FSU pour ce qui est des agents territoriaux.
En rejoignant ces syndicats, les militants issus de la CFDT ont-ils trouvé une politique radicalement différente de celle d'un Chérèque qu'ils viennent de quitter? Parmi les cheminots en particulier, bien des militants de la dernière grève et qui étaient alors à la CFDT, n'ont pas oublié que si leur syndicat s'était dès le 15 mai retiré du mouvement, signant qui plus est l'accord sur les retraites proposé par Fillon, la CGT quant à elle avait appelé à "suspendre" la grève dès le 14 mai, se contentant de brandir la menace de la grève reconductible pour... presque un mois plus tard.
Si la CFDT joua ouvertement contre le camp des salariés, l'attitude de la direction confédérale CGT se limitait à revendiquer "une autre réforme", ne réclamant pas le retrait du plan Fillon comme elle l'avait pourtant fait vis-à-vis du plan Juppé en 1995.
Ce syndicalisme dit "de concertation", auquel tous les syndicats disent maintenant vouloir se rallier, devient la référence ouverte de toutes les confédérations syndicales, y compris la CGT. On l'a vu récemment avec la signature de la CGT et de FO au bas de l'accord sur la formation professionnelle, alors que cet accord rend l'accès à la formation plus difficile, car il laisse la possibilité au patronat de l'imposer en dehors du temps de travail.
Les directions syndicales sont à la recherche d'une concertation illusoire dont les patrons et le gouvernement ne veulent pas ou bien qui ne l'acceptent que pour piéger les salariés. Mais il reste les militants qui, eux, n'acceptent pas ces choix, qui refusent ces pièges. Et c'est parce qu'ils existent et le manifestent que les patrons et les ministres n'ont pas tout à fait les mains libres. Et c'est heureux.