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Leur société
Transports collectifs : Restrictions budgétaires
Le gouvernement -comme son prédécesseur d'ailleurs- n'est pas avare de belles paroles sur les questions écologiques et sur le «développement durable». Les campagnes de communication, comme la «semaine de la mobilité» ou la journée sans voiture, se succèdent, pour inciter les automobilistes à abandonner leur voiture et choisir les transports en commun. Les automobilistes sont même, bien souvent, montrés du doigt comme principaux responsables de l'émission des gaz à effet de serre.
Il est indiscutable que les transports en commun sont infiniment moins polluants que la voiture individuelle. D'abord, tout simplement, parce qu'un autobus, un tramway ou un train transportent des dizaines ou des centaines de personnes: la quantité de gaz polluants par personne transportée est donc forcément inférieure à celle qui est dégagée par les automobiles individuelles. Ensuite, parce que bien souvent les transports collectifs, les plus récents du moins, sont propulsés au gaz ou à l'électricité. Il est donc logique de chercher à développer de tels transports. Et le gouvernement ne cesse, en paroles du moins, d'encourager ce développement.
Malheureusement, la réalité est moins rose. Le gouvernement, à l'heure des restrictions budgétaires, a choisi de faire des économies sur tout ce qui pourrait être utile au plus grand nombre. Parmi les victimes de ces coupes: les transports collectifs.
C'est ainsi que, pour son budget 2004, le ministère des Transports a annoncé la suppression pure et simple de toutes les subventions jusque-là accordées aux transports collectifs de province. L'Île-de-France n'est, pour l'instant du moins, pas touchée par cette mesure. Cette subvention se montait à plus de 400 millions d'euros par an. Elle est réduite à une «enveloppe exceptionnelle» de 65 millions.
De très nombreuses villes, notamment Marseille, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lorient, Strasbourg, et bien d'autres, se retrouvent donc privées de l'aide indispensable de l'État, sur laquelle elles comptaient pour développer des chantiers de tramway ou d'autobus en site propre, chantiers qui, dans un certain nombre de villes, sont déjà très avancés. Il est possible que des travaux puissent être retardés, voire arrêtés.
Pour justifier cette mesure, le gouvernement se cache derrière la décentralisation, arguant que les régions et les communes doivent trouver des moyens d'autofinancer leurs projets, une façon de dire que l'État n'est pas là pour distribuer de l'argent.
Il est à noter que parmi les quelques mesures de remplacement que le projet de loi proposait pour financer ces travaux, il en était une qui dérangeait un peu le patronat: le gouvernement permettait en effet aux communes d'augmenter le «versement transports» (VT), une taxe de 1,75% demandée aux entreprises de plus de 9 salariés. Oh, bien entendu, le gouvernement ne proposait rien de bien révolutionnaire: les communes avaient le droit de passer ce VT de 1,75 à 2%. C'en était évidemment trop. Le Medef a poussé quelques cris et à l'Assemblée, lors de la discussion du projet de loi, l'UDF a déposé un amendement supprimant cette mesure. Les députés ont largement approuvé cet amendement, et les patrons peuvent désormais dormir tranquilles. Au passage, on voit ce que valent les postures «sociales» prises récemment par Bayrou, le représentant de l'UDF.
Ce sera donc aux communes de se débrouiller pour financer les projets de transports collectifs en site propre. Elles devront, pour cela, augmenter les impôts locaux, ou... augmenter le prix des transports existants, comme l'a proposé sans vergogne un député UDF expliquant que «ce ne sont pas les entrepreneurs qui prennent les transports en commun», donc ce n'est pas à eux de payer!
Entre ses velléités écologiques et la volonté de faire des économies sur les services publics... le gouvernement n'a pas hésité longtemps!