Allocation spécifique de solidarité (ASS) : Contre les chômeurs, le gouvernement persiste et signe24/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1838.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Allocation spécifique de solidarité (ASS) : Contre les chômeurs, le gouvernement persiste et signe

L'UDF, le parti de François Bayrou, s'est abstenu sur le budget. C'est ce que la presse retient du débat parlementaire du 21 octobre. Et les gazettes s'interrogent gravement pour savoir si Bayrou est encore ou pas membre de la majorité. Mais, pour les chômeurs en fin de droits, l'enjeu était ailleurs, puisque Bayrou demandait que le gouvernement revienne sur les mesures prévues contre l'Allocation spécifique de solidarité (ASS), cette petite indemnité que l'État verse aux chômeurs qui ne touchent plus d'allocations. Mais le gouvernement Raffarin, qui vole les pauvres pour enrichir les riches, n'a pas plié.

Actuellement, les chômeurs ayant épuisé leur droit aux allocations de l'Assedic, elles-mêmes réduites depuis décembre 2002, entrent dans le cadre de l'Allocation spécifique de solidarité (ASS), financée et gérée par l'État. Cette allocation de misère (plafonnée à 406 euros par mois, à peine plus de 2600 francs) est censée compléter des revenus existants (des allocations familiales ou un travail à temps partiel, par exemple). Jusqu'à présent, elle était versée en pratique pour une durée illimitée, sous réserve de remplir un certain nombre de conditions, notamment continuer à chercher un emploi. Le respect des conditions faisait l'objet d'un réexamen tous les six mois. 420000 personnes bénéficient actuellement de cette aide, dont le coût annuel est de deux milliards d'euros.

Le gouvernement va changer les règles en en limitant l'octroi à deux ans pour les nouveaux bénéficiaires et à trois ans pour ceux qui la touchent déjà. Ce nouveau dispositif excluerait 130000 chômeurs dès l'an prochain et plus encore les années suivantes. L'économie budgétaire serait de 150 millions d'euros en 2004 et de 500 millions l'année suivante.

Cette mesure scandaleuse, qui frappe les chômeurs qui ont le plus de mal à retrouver du travail ne serait-ce qu'à cause de leur âge, est présentée cyniquement par le gouvernement comme une incitation à un hypothétique "retour à l'emploi". Quant à l'argument de l'allégement budgétaire, il faut bien constater que ces considérations n'ont pas été de mise par rapport à la baisse de l'impôt qui va représenter un "manque à gagner" pour l'État de... 1,7 milliard d'euros.

Par rapport à son projet, le gouvernement a tout au plus concédé que cela ne concernerait pas les plus de 55 ans et que le nouveau système n'entrerait en vigueur qu'au 1er juillet prochain (et pas en janvier comme c'était initialement prévu). A titre de maigre consolation, ceux qui perdront l'Allocation spécifique de solidarité (ASS) se voient ouvrir la possibilité de rentrer immédiatement dans le dispositif du RMA, le Revenu minimum d'activité, que le gouvernement voudrait petit à petit substituer au RMI, car dans ce pays les vrais privilégiés, patrons ou personnes fortunées qui bénéficient de toutes les aides possibles de l'État, ne supportent plus de voir les chômeurs toucher un peu d'argent sans travailler en contrepartie.

Mais encore faudra-t-il que le chômeur respecte des critères plus contraignants encore, puisque le RMA est conçu comme un complément pour quelqu'un ayant retrouvé un emploi. En bénéficier sera donc une gageure et d'ailleurs, alors qu'il y a des millions de chômeurs, le gouvernement ne prévoit, pour le moment, que 50000 ou 60000 bénéficiaires du RMA d'ici la fin 2004.

Et ce ne sont pas les 30000 " contrats initiative emploi" (CIE) supplémentaires annoncés pour 2004, qui porteront le nombre total de ces "CIE" à 110000, qui régleront le problème de ceux qui vont perdre le droit à l'ASS. D'ailleurs, comme bien d'autres prétendues aides à l'emploi, les CIE sont d'abord une aide... aux chefs d'entreprise puisqu'il consiste en une aide forfaitaire versée aux entreprises qui embauchent un chômeur de longue durée.

Et tandis que dans une ville populaire comme Valenciennes, Chirac renouvelait sa démagogie sur la fameuse "fracture sociale", son gouvernement continue sa guerre acharnée aux pauvres.

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