Se défendre, mais aussi changer la société16/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1837.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Se défendre, mais aussi changer la société

Raffarin et ses ministres brodent depuis quelques jours sur le "climat de récession" en train de s'installer. C'est, en clair, le constat que l'économie va mal. C'est aussi une façon de justifier les mesures d'austérité qu'ils préparent contre le monde du travail et les services publics. Le gouvernement ne manquera pas de tenter de justifier ses pires mesures contre les classes populaires par une prétendue "nécessité économique" ou encore par les "exigences de Bruxelles".

Qu'est-ce que cela signifie, que l'économie va mal? Pour les salariés, c'est une évidence avec les licenciements, le chômage, la baisse du niveau de vie pour tous et la pauvreté pour beaucoup. Mais en même temps, nombre de patrons publient, à l'intention de leurs actionnaires, des communiqués de victoire se réjouissant du maintien, voire de l'accroissement de leurs profits.

Mais les entreprises qui affichent des profits retentissants n'investissent pas dans la production et surtout n'embauchent pas. Les patrons ne se laissent pas guider par les discours de Chirac qui croit voir des "signes de reprise" à brève échéance. Ils savent que les dirigeants politiques, quand ils ne mentent pas, disent n'importe quoi. Eux, ils ne croient qu'au profit. S'ils n'ont pas l'espoir de réaliser plus de profit rapidement en produisant et en vendant plus, ils n'investissent pas aujourd'hui. Ils tenteront de faire autant et plus de profit en réduisant la masse salariale, en diminuant les effectifs, en freinant les salaires, en élargissant la précarité et l'instabilité pour les salariés.

Oui, avec des hauts et des bas, leur économie va mal depuis, au bas mot, trente ans. Mais, même dans les périodes de rémission où on nous disait que l'économie allait bien, les grandes entreprises continuaient à annoncer des plans de licenciements. Qui peut oublier que les gouvernements qui se sont succédé se sont acharnés à faire des économies sur les hôpitaux, sur l'Éducation nationale, sur les services publics indispensables, pour pouvoir consacrer de plus en plus d'argent au grand patronat? Pour les gouvernements, aider l'économie a toujours été aider le patronat à faire plus de profit, avec des cadeaux fiscaux ou des diminutions de charges sociales. Et tous comblaient les trous que cela creusait dans le budget de l'État ou de la Sécurité sociale en raclant le fond des poches des salariés et des plus pauvres.

Ce n'est pas aux travailleurs de payer pour les fluctuations de la vie économique. C'est la sécurité de l'emploi et des salaires que le budget de l'État devrait garantir, pas la sécurité des profits.

Il n'y a évidemment pas à attendre de ce gouvernement, si fier d'être le bras armé du grand patronat, qu'il mène de plein gré une autre politique que celle que lui demandent les possédants, même si cette politique mène à la catastrophe. Pas plus qu'on ne pouvait l'attendre de Jospin.

Pourtant, la catastrophe sociale est déjà là. Le patronat et le gouvernement sont en train de ramener la société des décennies en arrière, au chômage généralisé, à l'insécurité permanente de l'emploi, aux quartiers populaires lépreux, aux retraités mourant de faim dans des taudis, à la réapparition de maladies liées à la misère. C'est grave pour le monde du travail. C'est grave aussi pour toute la société.

Récession ou pas, la seule voie qui reste ouverte devant les travailleurs, la seule efficace, est de changer par leur mobilisation le rapport des forces avec le grand patronat et le gouvernement.

Mais, au-delà d'une réaction défensive du monde du travail, se pose un problème plus général. L'économie capitaliste, l'économie de marché, est une économie folle, imprévisible et inhumaine. Sa prolongation ne réserve à l'immense majorité de la population que des crises, la régression et l'appauvrissement.

Changer l'organisation sociale capitaliste, mettre fin à l'économie basée sur l'exploitation pour la majorité et le profit pour quelques-uns, devient une question de vie ou de mort, peut-être à brève échéance.

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