Les campagnes ne sont pas le seul endroit où La Poste entend réduire sa présence. Il en va de même dans certaines banlieues populaires de la région parisienne. En Seine-Saint-Denis, La Poste a commencé à réduire les horaires de plusieurs bureaux de quartiers. Selon elle, il s'agirait de «mieux répartir les agents, et d'avoir davantage de guichets ouverts aux périodes d'affluence».

C'est par exemple le cas du bureau de Bobigny Pont-de-Pierre, situé dans la cité du Pont-de-Pierre et à la lisière de la grande cité des Courtillières. Il est désormais fermé le matin et n'ouvre plus que de 14 heures à 18h30 en semaine et le samedi de 9 heures à 12 heures. Pourtant, il y avait la queue en permanence à ce bureau, le matin comme l'après-midi. Cela montre toute l'hypocrisie des dirigeants de La Poste qui justifient leur réorganisation en disant qu'il n'y a aucun client dans les bureaux à certaines heures, et qu'il vaut donc mieux se concentrer sur les moments d'affluence.

Pour les habitants de la cité, la gêne est considérable. Ceux qui travaillent tous les après-midi, par exemple, n'ont même plus le moyen d'aller chercher leurs recommandés. Et bien sûr les queues s'allongent d'autant plus sur les plages d'ouverture. À terme, La Poste voudrait transformer ce bureau en simple annexe du bureau central, ce qui lui permettrait de déplacer les guichetiers de l'un à l'autre et de moduler le nombre de guichets ouverts en fonction du personnel qu'elle a sur l'ensemble de la ville. Une dégradation du service qui frapperait de plein fouet les usagers comme les postiers.

La Poste avance également ses pions dans d'autres communes. Pour l'instant des réductions des horaires d'ouverture sont «testées», comme disent les responsables départementaux, à Montreuil, Noisy-le-Sec, Bagnolet, Bondy et Livry-Gargan, en attendant d'autres... Il est manifeste que l'objectif, comme pour la fermeture des bureaux de campagne, est uniquement d'économiser du personnel. Au terme de l'opération, il n'y aura pas plus de personnel aux guichets aux heures d'affluence, mais les horaires d'ouverture auront bel et bien été réduits et des emplois supprimés.

Les habitants des cités, dont beaucoup sont au RMI ou touchent de petits salaires, n'intéressent pas les dirigeants de La Poste qui supplient le gouvernement de les laisser concurrencer les banques dans le domaine des placements pour une clientèle plus aisée. Dans cette optique, leur seul problème vis-à-vis des habitants des quartiers populaires est de savoir comment s'en débarrasser.