Le Falcone s'est envolé25/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1834.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le Falcone s'est envolé

Mis en examen par l'État français pour trafic d'armes et corruption, l'homme d'affaires Pierre Falcone a pu quitter le territoire en toute légalité lundi 22 septembre. Trois jours auparavant, il recevait son passeport diplomatique, suite à sa nomination comme ambassadeur de l'Angola à l'Unesco, organisme qui dépend de l'ONU, chargé des questions de culture et de l'éducation. L'immunité conférée par ce statut lui a ainsi permis d'échapper à la justice qui, après l'avoir incarcéré pendant un an en 2001, l'avait placé sous contrôle judiciaire en attendant un hypothétique procès.

Les autorités angolaises ont ainsi renvoyé l'ascenseur à celui qui leur avait permis, en échange du pétrole, de se procurer frauduleusement des armes et accessoirement d'alimenter les comptes en banque des dignitaires du régime. Un service rendu en vaut bien un autre, et l'argent reversé par Falcone méritait bien un poste d'ambassadeur pour lui permettre d'échapper aux poursuites.

Si Falcone est dorénavant bien à l'abri dans son fauteuil d'ambassadeur, il reste cependant bien d'autres protagonistes de l'affaire sur le territoire français, organisateurs ou bénéficiaires à un degré ou à un autre du trafic et de ses retombées. L'enquête avait en effet mis en cause plus de trois cents personnalités, dont Charles Pasqua, son fils Pierre Philippe, Jean-Charles Marchiani, Jacques Attali, Jean-Christophe Mitterrand (le fils de François, le "Monsieur Afrique" de l'Élysée, surnommé "Papamadi").

Mais lorsqu'il s'agit d'affaires qui éclaboussent des hommes d'affaires et des membres de l'appareil d'État, la justice semble se hâter extrêmement lentement. Les procédures de comparution immédiate, la "tolérance zéro", c'est bon pour les petits délinquants, pas pour le gratin de la société.

Et gageons que, du haut de son poste d'ambassadeur à l'Unesco, si Falcone continue à envoyer de la marchandise aux dirigeants angolais, ce ne sera pas des livres...

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